Faut-il se méfier du nouveau variant C.1.2? Voici ce que l’on sait de lui
Si l’apparition de nouveaux variants du coronavirus n’a rien de surprenant en soi, certains sont davantage surveillés que d’autres. C’est le cas aujourd’hui d’un variant possédant un taux de mutation inhabituel et dont la fréquence a graduellement augmenté ces derniers mois. Une étude préliminaire de l’Institut national des maladies transmissibles d’Afrique du Sud (NICD) nous en apprend un peu plus sur ce nouveau variant du SARS-CoV2, connu sous le nom de C.1.2.
Présent en Afrique du Sud, le C.1.2 a également été détecté dans sept autres pays: en Angleterre, en Suisse, au Portugal, à l’île Maurice, en Chine, en République Démocratique Du Congo et en Nouvelle-Zélande.
Détecté pour la première fois en mai 2021, le C.1.2 a «muté de manière substantielle», jusqu’à en devenir le variant le plus éloigné du virus original détecté à Wuhan, précise l’étude. Ce variant aurait un taux de mutation de 41,8 mutations par an, c’est-à-dire qu’il mute presque deux fois plus vite que les autres variants déjà observés.
En Afrique du Sud, le C.1.2 représentait 0,2% des génomes séquencés au mois de mai. Un taux qui est monté à 1,6% en juin, et puis 2% en juillet. Il s’agit d’une augmentation des cas similaire à celles que l’on a observées avec les variants Beta et Delta, note l’étude.
Beta et Delta sont tous deux considérés comme des «variants très préoccupants», selon l’OMS, dont les mutations pourraient rendre les vaccins moins efficaces. Toutefois, C.1.2 n’est, pour l’heure, pas assez fréquent pour être qualifié de «variant digne d’intérêt» ou de «variant inquiétant» par l’Organisation mondiale de la santé.
D’après les scientifiques du NICD, il est encore trop tôt pour déterminer son évolution. «À ce stade, nous n’avons pas de données expérimentales pour confirmer comment il réagit, en termes de sensibilité aux anticorps», a expliqué Penny Moore, chercheuse au NICD.
Interrogé par nos confrères du Nieuwsblad, Tom Wenseleers, professeur de biostatistique à la KU Leuven, ne se sent pas encore concerné par ce nouveau variant: «Sur le papier, cela semble être un variant dangereux, mais en pratique, ce n’est pas le cas. J’étudie de très près tous ces variants et selon mes calculs, ce variant aurait déjà dû avoir un impact plus important [en termes de transmission] que ce n’est le cas jusqu’à présent. Cela signifie que, bien que le variant soit dangereux, il n’a aucun avantage évolutif sur le variant Delta, qui est la forme dominante dans de grandes parties du monde. Chez nous, par exemple, près de 100% des infections sont désormais dues à ce variant».
Et si le C.1.2 venait à prendre cet avantage évolutif (ce qui semble peu probable aux yeux du biostatisticien)? «La génétique de ce variant semble suggérer que les vaccins seront moins efficaces contre lui. C’est logique», pointe Tom Wenseleers. «Les anticorps qui ont été constitués ne reconnaissent pas aussi bien le nouveau virus.»
Les firmes pharmaceutiques, qui surveillent elles aussi l’émergence de nouveaux variants, devraient alors adapter leurs vaccins. Ce qui, grâce à la technologie de l’ARNm, peut se faire rapidement. D’ailleurs, chez Pfizer, Moderna et AstraZeneca, les études et essais de vaccins ciblant les variants comme Beta et Delta sont déjà en cours.