Filmé, avec ou sans public, le podcast fait sa révolution

Il n’est pas rare que les auditeurs de podcasts assistent aux enregistrements de leur programme audio préféré. Si la pandémie a momentanément interrompu ces événements, certains créateurs ont décidé de migrer en ligne pour maintenir un lien avec leur public. Décryptage.

par
ETX
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C’est bien connu: quand on aime, on ne compte pas. C’est d’autant plus vrai pour les amateurs de podcasts. Ils sont ainsi plus susceptibles d’acheter un produit mentionné par un podcasteur parce qu’ils se fient à son jugement. Les spécialistes de sciences de la communication et psychologues parlent de «relations parasociales» pour décrire ces liens affectifs à sens unique que l’on tisse avec des célébrités et créateurs de contenu.

Une source de revenus pour les podcasteurs

Ce phénomène explique pourquoi certains auditeurs aiment assister à l’enregistrement de leur émission préférée. Quitte à mettre la main au porte-monnaie pour cela. La start-up américaine Moment House l’a bien compris et propose aux podcasteurs de retransmettre en ligne les versions vidéo de leur programme. Elle aurait vendu 140.000 billets pour ce genre d’événements depuis mars 2021, selon Hot Pod, une lettre d’information spécialisée dans le milieu du podcast.

Ce nouveau format séduit de nombreux créateurs comme l’humoriste Whitney Cummings, qui anime le podcast «Good For You», ou encore sa collègue Heather McDonald, à la tête de «Juicy Scoop». Elles offrent toutes les deux la possibilité à leurs auditeurs d’assister à des expériences virtuelles avec la participation d’invités exceptionnels. Leur prix? Moins d’une vingtaine de dollars, en général. De quoi devenir une véritable source de revenus pour les podcasteurs les plus populaires. Certains auraient même empoché un demi-million de dollars, d’après les informations de Hot Pod. De son côté, Moment House touche une commission de 10% sur chaque billet.

Coupler le son et l’image

La start-up américaine n’est pas la seule à rapprocher le podcast et la vidéo. Spotify, le géant suédois du streaming musical, tente de le faire depuis près de deux ans. Il a proposé certains créateurs de publier des versions vidéo de leurs émissions en juillet 2020. Cette initiative n’a pas pour but de faire passer le son au second plan mais plutôt de permettre aux podcasteurs d’enrichir l’expérience d’écoute de leurs auditeurs. «De nombreux fans de podcast aiment regarder leurs podcasts préférés autant qu’ils aiment les écouter. Grâce à ces visuels, les fans peuvent encore mieux connaître leurs hôtes de podcast préférés et les créateurs peuvent se connecter plus profondément avec leur public», a déclaré la société de Daniel Ek dans un communiqué.

Cette fonctionnalité a été, jusqu’à présent, déployée auprès de quelques podcasteurs anglophones comme les très populaires Joe Rogan, Philip DeFranco, Gary Vaynerchuk et Heather McDonald. Un choix judicieux puisque la plupart diffusent déjà des versions filmées de leurs émissions sur YouTube. Elles y cumulent des centaines de milliers voire des millions de vues.

Un format vidéo qui plaît aux auditeurs

Spotify espère ainsi marcher sur les plates-bandes de la filiale de Google en proposant aux fans de podcast d’alterner entre audio et vidéo en fonction de leurs envies. Beaucoup le font déjà en découvrant les épisodes de leurs programmes préférés non pas sur une plateforme de streaming, mais directement sur YouTube. Un tiers des auditeurs (34%) se rendent régulièrement sur la plateforme de vidéos pour écouter des podcasts, selon une étude de Cumulus Media et Signal Hill Insights.

Qu’il soit sous forme de vidéo ou non, le podcast continue de faire sensation auprès des consommateurs et des annonceurs. Son marché publicitaire est en plein boom et pourrait atteindre deux milliards de dollars en 2023, comme l’estime l’Interactive Advertising Bureau. Les acteurs du podcast essaient de capitaliser sur cet engouement populaire en diversifiant les opportunités de monétisation pour les créateurs de programmes audio. La start-up américaine Glow propose ainsi aux auditeurs de soutenir financièrement l’émission de leur choix en quelques clics. Une fois abonnés, ils peuvent profiter de contenus premium sur n’importe quelle plateforme d’écoute (sauf Spotify et Pandora). D’autres entreprises comme Luminary, Stitcher, Acast et Sybel s’évertuent, elles aussi, à convaincre les consommateurs de payer pour les podcasts qu’ils écoutent, avec plus ou moins de succès. Le livestream et les podcasts vidéo pourraient peut-être les y aider.