Guerre en Ukraine: le bilan grimpe à 50 morts, dont cinq enfants, dans l’attaque sur la gare de Kramatorsk
Au moins 50 personnes ont été tuées dans une frappe de missile vendredi sur une gare du Donbass où les civils se pressaient pour fuir l’Est de l’Ukraine cible des forces russes. Moscou nie toute responsabilité.
Cette frappe sanglante intervient alors que l’indignation internationale était déjà forte suite aux images d’atrocités dont a été accusée l’armée russe dans des localités dont elle s’est retirée autour de Kiev, la capitale, où de hauts responsables européens étaient attendus pour manifester leur soutien à l’Ukraine face à l’invasion russe. La gare de Kramatorsk, «capitale» du Donbass sous contrôle ukrainien, a été la cible de l’attaque qui a fait 50 morts, dont cinq enfants, selon le gouverneur de la région. Il a précisé que 98 blessés avaient été hospitalisés. Un précédent bilan des services de sécurité faisait état de 39 morts.
Des journalistes de l’AFP ont vu au moins trente corps dans des sacs mortuaires ou sous des bâches devant la gare, utilisée pour l’évacuation des populations civiles de la région. Le patron de la compagnie ferroviaire ukrainienne Ukrzaliznytsia, Oleksandre Kamychine, avait évoqué plus de 100 blessés, dénonçant une «frappe délibérée».
«Mal sans limite»
Le président Zelensky a dénoncé un «mal sans limite» déchaîné par la Russie et des méthodes «inhumaines». «Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils annihilent cyniquement la population civile. C’est un mal qui n’a pas de limite. Et s’il n’est pas puni, il ne s’arrêtera jamais», a-t-il écrit sur Telegram. Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell, en route pour Kiev, a «condamné fermement» une «attaque aveugle». La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui l’accompagne, a dénoncé une «attaque méprisable». Moscou a immédiatement démenti être responsable, affirmant ne pas disposer du type de missile qui aurait été utilisé et dénonçant une «provocation» ukrainienne. Le ministère russe de la défense a ensuite accusé «le régime de Kiev» d’avoir «orchestré» la frappe pour «empêcher le départ de la population de la ville afin de pouvoir l’utiliser comme bouclier humain».
Évacuations
Moscou dénonce régulièrement des «provocations» ukrainiennes pour se défendre des accusations d’exactions et crimes de guerre, comme récemment concernant Boutcha, au nord-ouest de Kiev, bombardée puis occupée par des soldats russes et où des dizaines de cadavres vêtus en civil, certains les mains liées dans le dos, ont été découverts début avril. Le ministère russe de la Défense avait indiqué plus tôt vendredi que l’armée russe avait détruit avec des missiles de haute précision «des armements et équipements militaires dans les gares de Pokrovsk, Sloviansk et Barvinkove», localités toutes situées non loin de Kramatorsk.
Reprise des évacuations
Après avoir retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l’Ukraine, la Russie a fait de la conquête du Donbass, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses, son objectif prioritaire. Elle multiplie ses attaques dans le sud et l’est, les autorités ukrainiennes s’efforçant, elles, d’évacuer les civils. Les évacuations par train, qui avaient été interrompues en raison de la destruction d’une partie de la voie ferrée, avaient repris dans la nuit de jeudi à vendredi, selon le gouverneur de la région de Lougansk. Serguiï Gaïdaï encourageait depuis plusieurs jours les habitants à partir pour ne pas «se condamner à la mort». Suite à la vague d’indignation après les découvertes de Boutcha, la Russie a été suspendue jeudi par un vote du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et a été la cible de nouvelles sanctions économiques occidentales.
Charbon russe visé
Vendredi, le Royaume-Uni a annoncé sanctionner les deux filles du président Vladimir Poutine et celle du chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, disant vouloir s’en prendre au «train de vie fastueux du cercle rapproché du Kremlin». Et l’Union européenne a elle aussi adopté jeudi soir un nouveau train de mesures punitives, notamment un embargo sur le charbon russe. C’est la toute première fois que les Européens frappent le secteur énergétique russe, dont ils sont très dépendants. L’UE, qui a indiqué avoir déjà gelé au total 29,5 milliards d’euros d’avoirs russes, importe 45% de son charbon de Russie pour une valeur de quatre milliards d’euros par an. L’embargo entrera en vigueur début août