Guerre en Ukraine: Vladimir Poutine reconnaît l’indépendance des régions de Zaporijjia et de Kherson

Le président russe Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance des régions ukrainiennes de Zaporijjia et de Kherson, selon des décrets présidentiels publiés jeudi soir, à la veille de la finalisation de leur annexion par la Russie.

par
AFP
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«J’ordonne de reconnaître la souveraineté d’Etat et l’indépendance» des régions de Zaporijjia et de Kherson, situées dans le sud de l’Ukraine, a déclaré dans ces décrets M. Poutine, qui s’apprête à formaliser vendredi l’annexion de ces deux régions, ainsi que de celles de Donetsk et de Lougansk (est).

La Russie a reconnu l’indépendance de la République populaire de Donetsk (DNR) et de la République populaire de Lougansk (LNR), à la demande de leurs dirigeants séparatistes prorusses, fin février, peu avant le début de son offensive en Ukraine.

En septembre, les régions de Zaporijjia, de Kherson, de Donetsk et de Lougansk ont organisé des «référendums», dénoncés par Kiev et les Occidentaux comme illégitimes, en votant pour leur rattachement à la Russie.

Une cérémonie de la formalisation de cette annexion aura lieu dans l’après-midi vendredi au Kremlin.

L’ONU se mobilise

Le Conseil de sécurité de l’ONU votera vendredi sur une résolution condamnant les «référendums» d’annexion de plusieurs régions ukrainiennes, un texte qui n’a aucune chance d’être adopté en raison du droit de véto russe.

La réunion aura lieu vendredi à 15H00 (21H00, heure de Bruxelles), avant une autre discussion prévue sur les fuites découvertes sur les gazoducs Nord Stream en mer Baltique, a précisé la présidence française du Conseil.

Mardi, lors d’une première réunion du Conseil sur ces «référendums» dénoncés comme des «parodies» par l’Occident, les Etats-Unis avaient annoncé qu’ils allaient mettre sur la table, avec l’Albanie, une telle résolution.

Pour «condamner les simulacres de référendums, appeler les Etats membres à ne pas reconnaître tout statut modifié de l’Ukraine et obliger la Russie à retirer ses troupes d’Ukraine», avait déclaré l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.

Et si la Russie utilise son droit de veto «pour se protéger», «alors nous nous tournerons vers l’Assemblée générale pour envoyer un message sans ambiguïté à Moscou», avait-elle ajouté.

Si le veto russe ne fait pas de doute, c’est surtout la position de la Chine, parfois accusée par les Occidentaux d’être trop conciliante avec la Russie, qui sera examinée avec attention. Pékin, officiellement neutre, a répété cette semaine son appel au respect de l’intégrité territoriale «de tous les pays».

La position de l’Inde sera également suivie de près.

Les deux pays s’étaient abstenus en février au lendemain de l’invasion russe, lorsque la Russie avait mis son véto au Conseil à une résolution dénonçant son «agression» de l’Ukraine.

Le vote ultérieur à l’Assemblée générale, où aucun des 193 Etats membres n’a de droit de véto, permettra lui d’évaluer le degré d’isolement de la Russie, alors que certains pays en développement s’agacent que l’Occident concentre toute son attention sur l’Ukraine.

Les Occidentaux sont «relativement confiants d’obtenir un fort soutien pour l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’Assemblée générale», a indiqué à l’AFP Richard Gowan, analyste au sein de l’ONG International Crisis Group.

Retour dans le camp de l’Ukraine

«Beaucoup de pays commençaient à retirer leur soutien à l’Ukraine (…) mais en mettant l’annexion et l’intégrité territoriale sur la table (Vladimir) Poutine va forcer nombre d’Etats hésitants à revenir dans le camp de Ukraine», notamment certains Etats africains, a-t-il ajouté, estimant que le président russe avait fait une «erreur diplomatique fondamentale».

Au printemps, l’Assemblée générale avait voté trois résolutions concernant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la troisième fin avril s’étant traduit par un effritement de l’unité internationale face à Moscou.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a lui dénoncé sans équivoque jeudi l’imminence des annexions russes, estimant qu’elles n’ont «pas de place dans le monde moderne».