José Andrés, le chef humaniste, a déménagé ses cuisines pour nourrir les réfugiés ukrainiens
Positionné à la frontière polonaise, il a fallu moins de 72 heures au chef américain José Andrés pour déployer les cuisines de son association humanitaire afin de nourrir les réfugiés ukrainiens. Le cuisinier humaniste vient aussi en aide aux restaurateurs pour leur fournir ce dont ils ont besoin pour qu’eux aussi participent à l’effort de guerre. Portrait.
Rawa-Ruska, une petite ville ukrainienne qui jadis fut tristement célèbre pour son camp de prisonniers lors de la Seconde Guerre mondiale. Située à moins de dix kilomètres de la première ville à la frontière polonaise, c’est ici que le chef José Andrés distribue des repas aux réfugiés ukrainiens, aidé par des sœurs membres de la confédération internationale Caritas.
Via son compte twitter et la publication de vidéos, le cuisinier américain, d’origine espagnole, présente le déploiement des cuisines de son association World Central Kitchen qui a déjà distribué plus de 8.000 soupes, ragoûts de poulet et tartes aux pommes, selon le compte arrêté dimanche dernier via une autre implantation de son ONG à la frontière polonaise.
Des cuisines humanistes et mobiles
Nourrir toutes celles et tous ceux qui fuient la guerre ou tentent d’échapper aux dégâts causés par les colères de la Terre… Voilà l’objectif que José Andrés s’est fixé avec son engagement international, lancé en 2010 à la suite du tremblement de terre qui ravagea Haïti. L’ouragan Maria à Porto Rico en 2017, l’ouragan Ida à La Nouvelle-Orléans en 2021, les récentes inondations en Allemagne sont autant de situations qui motivent la World Central Kitchen à organiser une distribution alimentaire. Des actions concrètes pour lesquelles José Andrés a déjà été remercié en 2019 en étant nommé dans la liste des potentiels récipiendaires du Prix Nobel de la paix. Un an plus tôt, le chef humaniste avait été désigné «humanitaire de l’année» par la Fondation James Beard.
Aux États-Unis, on a conscience de l’engagement sans faille de ce chef superstar, et l’on ne manque pas de le saluer. Hasard du calendrier, c’est le 19 mars prochain que le documentaire réalisé par Ron Howard («Apollo 13») présentera, à l’occasion du SXSW d’Austin au Texas (un ensemble de festivals de cinéma et de musique) la façon dont la World Central Kitchen s’organise pour être réactive dès qu’il s’agit de venir nourrir une population dans le besoin. Une première mondiale très attendue, intitulée «We feed people».
Au-delà de la question humanitaire, José Andrés entretient un engagement politique dans son pays d’adoption depuis bien des années. En 2012 déjà, le Time magazine le désignait parmi l’une des cent personnalités influentes du monde. La publication américaine remettait le couvert en 2018. Lors de la campagne présidentielle opposant Donald Trump à Hillary Clinton, José Andrés se positionne en défenseur des immigrants en réponse aux propos de celui qui remportera finalement la bataille. Le chef a également enseigné à l’université George Washington. Son crédo? La gastronomie comme catalyseur de l’économie.
Icône de la gastronomie
Si son action pour nourrir les personnes dans le besoin l’a popularisé aux États-Unis, José Andrés a d’abord conquis sa notoriété en tant que chef de cuisine. Naturalisé américain en 2013, l’Espagnol a débarqué au pays de l’oncle Sam en 1991, où il déploie le concept des tapas. Distingué comme une icône de la gastronomie par le classement des 50 meilleurs restaurants du monde en 2019, Andrés a su d’abord s’imposer comme un talent de la cuisine, décrochant les deux étoiles Michelin pour son restaurant de Washington, baptisé Minibar, lorsque le guide rouge décide de consacrer un palmarès à la capitale américaine en octobre 2016. Il est aujourd’hui à la tête d’une quinzaine de concepts culinaires, qui ont essaimé aux États-Unis, jusqu’à Dubaï en passant par les Bahamas.