La Belgique dégringole de 12 places au classement de la liberté de la presse, disparités importantes en Europe
Reporters sans frontières (RSF) relève, dans la 20e édition de son Classement mondial de la liberté de la presse, publiée mardi, d’importantes disparités en Europe, qui compte pourtant la tête d’affiche du classement: la Norvège. La guerre en Ukraine a, elle, des effets «dévastateurs».
Tandis que l’Estonie (4e) et la Lituanie (9e), anciens États communistes, font leur entrée dans le top 10, les Pays-Bas (28e) le quittent, illustre notamment RSF. La Grèce (108e) remplace par ailleurs la Bulgarie (91e) à la dernière place européenne.
La Belgique perd quant à elle douze places, pour se trouver à la 23e position du classement, qui reprend 180 pays et territoires.
Trois tendances inquiétantes
Reporters sans frontières voit se dessiner trois tendances dans l’Union européenne. Tout d’abord, le retour des assassinats de journalistes: Giorgos Karaivaz, en Grèce, et Peter R. De Vries, aux Pays-Bas.
Ensuite, les journalistes, «faussement assimilés aux autorités, ont fait face à une hostilité virulente de la part de manifestants» contre les mesures de lutte contre le coronavirus. Une hostilité qui s’est traduite par de nombreuses agressions physiques en Allemagne (16e), en France (26e), en Italie (58e) et aux Pays-Bas, et par des insultes et menaces dans toute l’Europe.
Enfin, certains gouvernements «ont durci les mesures liberticides à l’égard des journalistes, en particulier en Slovénie (54e), en Pologne (66e), en Hongrie (85e), en Albanie (103e) et en Grèce». RSF déplore également que le Royaume-Uni (24e) ait ouvert cette année la voie à une extradition aux États-Unis (42e) du fondateur de Wikileaks, Julian Assange.
La guerre en Ukraine a des conséquences «dévastatrices»
Reporters sans frontières revient également sur l’invasion de l’Ukraine (106e) par la Russie (155e). Pour l’organisation, le fait que les institutions européennes ont interdit des médias diffusant la propagande russe sans cadre juridique approprié, «risque d’être un prétexte pour des mesures de rétorsion à l’égard des médias européens».
La guerre menée par la Russie a évidemment «des conséquences dévastatrices sur la liberté de la presse», ajoute RSF. Cinq journalistes ou employés de médias ont été tués, l’armée a délibérément visé des sources d’infirmations… «En Russie même, le pouvoir assume une mainmise totale de l’information via l’instauration d’une censure de guerre extensive, le blocage des médias et une chasse aux journalistes récalcitrants, contraignant ceux-ci à un exil massif.»
Et la vision russe fait tache d’huile chez certains voisins, principalement au Bélarus (153e), où l’on persécute les journalistes indépendants depuis l’élection présidentielle controversée du 9 août 2020.
Enfin, en Turquie (149e), «l’hyperprésidence» de Recep Tayyip Erdogan induit un «déni de la liberté de la presse» et une ingérence dans la justice. Deux journalistes y ont été assassinés en deux ans: Güngor Arslan, rédacteur en chef de Ses Kocaeli, le 19 février 2022, et Hazim Özsu, présentateur d’une émission sur Radio Rahmet FM, abattu à Bursa en mars 2021.
Le 3 mai marque la Journée mondiale de la liberté de la presse.