La crise alimentaire au cœur des discussions du G7

Le G7, qui rassemble sept pays fortunés (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), s’est réuni jeudi à Bruxelles pour discuter de l’invasion russe de l’Ukraine. Les pays membres ont notamment abordé la crise alimentaire mondiale qui s’annonce, alors qu’Ukraine et Russie sont de gros producteurs de céréales, a relevé le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse.

par
Belga
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Le G7 s’est accordé sur le renfort leur coopération pour mettre fin à «l’agression injustifiée, non provoquée et illégale de la Russie et le choix du président (russe Vladimir) Poutine contre l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine», selon le communiqué officiel publié à l’issue de la réunion.

Les pays membres se sont entretenus de la manière de répondre aux conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine, alors que cette dernière et son envahisseuse sont de grandes productrices de céréales. «Une crise alimentaire sans précédent» s’annonce, a souligné M. Macron. «Le choix de la Russie, gravissime et irresponsable» mène à une tension sur les prix et entraîne des difficultés pour beaucoup de pays en Afrique, au Moyen et Proche-Orient, «de s’approvisionner en blé et en céréales de manière générale», a pointé le président français, citant en particulier l’Égypte qui dépend «à 80%» des deux pays en guerre pour ses céréales.

Risque de famine

«Nous ne pouvons pas rester impuissants et devons réagir», a-t-il dit, appelant la Russie à autoriser les semis en Ukraine au risque d’aboutir à une famine d’ici 12 à 18 mois. Au-delà des tentatives pour mettre fin à cette guerre, la France a aussi plaidé pour la mise en place d’un plan d’urgence, pensé en collaboration avec l’Union africaine, afin d’éviter cette famine. Trois piliers ont été décrits par le président français: commercial, solidaire et de production.

Le premier consiste notamment à libérer les stocks de céréales en cas de crise et à lever les restrictions sur les exportations de céréales par des pays craignant des pénuries. Le pilier «solidarité» renvoie à la préparation aux effets de cette crise alimentaire, notamment en augmentant les seuils de production «si possible». Le président français a plaidé pour la mise en place d’un mécanisme d’allocation de volumes «pour garantir l’accès à tous, en suffisance et à des prix raisonnables» aux céréales. «Concrètement, cela signifie aussi pour nous, Européens, assumer de produire davantage tout en respectant nos normes, en restant vigilants à la durabilité», a déclaré M. Macron. Le dernier pilier consiste à soutenir les pays les plus concernés par les difficultés d’approvisionnement pour qu’ils produisent davantage sur leurs sols.

«Nous restons déterminés à surveiller à la situation de près et à faire ce qu’il faudra pour prévenir et répondre à l’évolution de la crise mondiale de la sécurité alimentaire», est-il écrit dans le communiqué commun du G7. «Nous ferons un usage cohérent de tous les instruments et mécanismes de financement pour assurer la sécurité alimentaire et construire la résilience du secteur agricole en ligne avec les objectifs climatiques et environnementaux. Nous nous attaquerons aux potentielles perturbations de la production agricole et du commerce, en particulier dans les pays vulnérables», poursuit la déclaration. «Nous nous engageons à fournir un approvisionnement alimentaire durable à l’Ukraine et à poursuivre le soutien des efforts de production ukrainiens.»

Solidarité

Le G7 a également discuté de solidarité des pays membres, notamment envers l’Europe qui accueille un afflux massif de réfugiés ukrainiens, environ 3,5 millions depuis le début de l’invasion il y a un mois. «Nous avons demandé aux pays du G7 d’être solidaires et de pouvoir nous aider» dans la réinstallation des personnes réfugiées, a indiqué Emmanuel Macron. «Cela permettra également de lutter contre un éventuel trafic humain.»

La solidarité énergétique a également été évoquée, Emmanuel Macron pointant notamment les États-Unis et le Canada, membres du G7, qui pourraient aider l’Europe à se passer des énergies fossiles russes. «Ce qui est complémentaire de notre choix de sortir des énergies fossiles» mais une telle sortie «prend du temps», a souligné le président français.

Ce dernier a également évoqué le sommet de l’Otan, qui s’est aussi tenu jeudi à Bruxelles. Il a rappelé que l’Alliance s’était accordée sur une ligne rouge: ne pas devenir «co-belligérants» du conflit. L’Otan continuera donc de soutenir l’Ukraine, en lui fournissant «des armes défensives et létales», tout en renforçant sa présence à l’Est de l’Ukraine et en se préparant à une éventuelle escalade du conflit.