La Nasa repart sur la Lune dès lundi: voici comment suivre la mission Artemis en temps réel

Une nouvelle fois, la NASA s’apprête à décrocher la Lune! Artemis, la fusée la plus puissante au monde, s’envolera ce lundi vers notre satellite naturel. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce voyage lunaire historique, et comment le suivre en direct.

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Rédaction en ligne avec agences
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Cinquante ans après le dernier vol d’Apollo, l’heure est venue pour Artémis de prendre le relais. La fusée la plus puissante au monde s’apprête à faire son baptême de l’air lundi depuis la Floride et à lancer du même coup le programme américain de retour sur la Lune. Fait notable, l’Agence spatiale européenne a pour la première fois été chargée par la NASA de la conception d’un système critique pour la réussite d’une future mission habitée.

Certes, il s’agit d’un vol-test, sans équipage à bord, mais pour la NASA, qui se prépare à ce décollage depuis plus d’une décennie, l’événement est hautement symbolique. Il doit incarner l’avenir de l’agence spatiale et prouver qu’elle est toujours capable de rivaliser, notamment face aux ambitions de la Chine ou de SpaceX.

Autour de Cap Canaveral, les hôtels affichent complet, avec entre 100.000 et 200.000 personnes attendues pour assister au spectacle, prévu à 08h33, heure locale. Du haut de ses 98 mètres, l’engin orange et blanc trône déjà depuis une semaine sur le pas de tir 39B du centre spatial Kennedy. Depuis qu’il a été sorti, «vous pouvez sentir l’excitation, l’énergie est montée d’un cran, c’est vraiment palpable», a déclaré lors d’une conférence de presse Janet Petro, la directrice du centre.

Où et comment suivre ce vol?

Des caméras embarquées permettront de suivre ce voyage de 42 jours au total. Un selfie spectaculaire avec la Terre et la Lune en arrière-plan est au programme.

La NASA a même mis sur pied AROW, un site spécialement conçu pour suivre le voyage du vaisseau spatial en temps réel. «Les utilisateurs pourront suivre la capsule Orion et voir où elle se situe par rapport à la Terre et à la Lune», explique la NASA. «Ils découvriront toutes les étapes clés de la mission, les caractéristiques de la Lune, les données et trajectoires de vol…»

Le site Arow sera officiellement lancé à la veille du décollage, soit ce dimanche 28 août. Il sera notamment accessible via le site de la NASA. Durant sa mission, Orion a également son propre compte Twitter.

Mannequins avec capteurs

Le but de cette mission, baptisée Artémis 1, est de tester en conditions réelles la fusée SLS (pour Space Launch System), et la capsule Orion à son sommet, où les astronautes prendront place à l’avenir. Pour cette fois, seuls des mannequins sont à bord, équipés de capteurs permettant d’enregistrer vibrations et taux de radiations.

Une fois en orbite, Orion fera une fois et demie le tour de la Lune (distante de 380.000 km), en s’aventurant jusqu’à 64.000 km derrière elle, soit plus loin que tout autre vaisseau spatial habitable jusqu’ici.

L’objectif principal est de tester son bouclier thermique, qui, à son retour dans l’atmosphère terrestre, devra supporter une vitesse de près de 40.000 km/h et une température moitié aussi chaude que la surface du Soleil.

L’agence spatiale européenne (ESA) s’est vu confier par la NASA la réalisation de l’ESM, un cylindre d’environ quatre mètres de diamètre et de hauteur placé sous la capsule Orion. Il sera chargé de la mener vers et autour de la Lune après la séparation de l’étage principal du lanceur SLS, environ huit minutes après le décollage. Ce système, construit par Airbus Defence and Space en Allemagne, va aussi fournir à la capsule Orion l’électricité à l’aide de quatre panneaux solaires, l’eau, l’oxygène et le contrôle thermique essentiels à la vie des astronautes qui y voyageront dès la deuxième mission Artemis.

«Incroyablement difficile»

Des milliers de personnes ont contribué à cette mission, à travers les 50 Etats américains et plusieurs pays européens. Tous les férus d’espace sont désormais suspendus à la météorologie, qui peut s’avérer capricieuse à cette période de l’année. Lundi, la fenêtre de tir s’étend sur deux heures et des dates de repli sont prévues le 2 ou 5 septembre.

Mis à part ce facteur incontrôlable, tout est prêt: les responsables de la NASA ont donné leur feu vert au décollage après une ultime inspection détaillée. Cela ne veut pas dire que tout se déroulera sans imprévus en vol, ont-ils averti. «Nous faisons quelque chose d’incroyablement difficile et cela comporte des risques inhérents», a souligné Mike Sarafin, en charge de la mission.

Malgré de nombreux tests préalables, les différents éléments de la capsule et de la fusée (qui n’est pas réutilisable) voleront ensemble pour la première fois. La NASA a promis de pousser le véhicule jusqu’à ses limites. La mission se poursuivra même si les panneaux solaires d’Orion ne se déploient pas comme prévu, un risque qui ne serait pas pris avec un équipage.

Objectif Mars

Mais un échec complet resterait dévastateur, pour une fusée au budget faramineux de 4,1 milliards de dollars par lancement, selon un audit public, et en retard – elle a été commandée par le congrès américain en 2010, avec un décollage initialement attendu pour 2017.

Alors que le programme Apollo n’avait permis qu’à des hommes blancs de marcher sur la Lune, le programme Artémis compte, lui, y envoyer la première femme et la première personne non blanche.

Après cette première mission, Artémis 2 emportera des astronautes jusqu’en orbite autour de la Lune, sans y atterrir. Cet honneur sera réservé à l’équipage d’Artémis 3, prévue au plus tôt en 2025.

Contrairement aux missions ponctuelles d’Apollo, le but d’Artémis est d’établir une présence humaine durable sur la Lune, avec la construction d’une station spatiale en orbite autour d’elle (Gateway) et une base à la surface.

Toutes les techniques nécessaires pour envoyer des humains sur Mars doivent y être testées. Et Gateway servira de point d’étape et de ravitaillement avant ce long voyage de plusieurs mois au minimum.