La Russie déclenche la guerre en Ukraine, des explosions entendues

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé jeudi une opération militaire spéciale en Ukraine pour défendre les séparatistes de l’est du pays.

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AFP/Belga
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«J’ai pris la décision d’une opération militaire», a-t-il dit dans une déclaration surprise à la télévision peu avant 04H00 HB.

Il a dénoncé une fois encore un «génocide» orchestré par l’Ukraine dans l’est du pays, arguant de l’appel à l’aide des séparatistes annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi, et de la politique agressive de l’OTAN à l’égard de la Russie, dont l’Ukraine serait l’outil. Il a assuré que la Russie soutenait le «droit à l’autodétermination» du peuple ukrainien. «Je suis sûr que les soldats et officiers de la Russie rempliront leur devoir avec courage», a-t-il dit encore. «La sécurité du pays est garantie».

Il n’a pas donné de précision quant à l’ampleur de l’opération militaire, si elle allait se limiter à l’est de l’Ukraine ou si elle serait plus large. Cité par l’agence de presse TASS, le dirigeant russe affirme avoir pris cette décision pour protéger la région du Donbass, arguant que les circonstances nécessitent une action décisive. L’occupation des territoires ukrainiens ne fait pas partie des projets russes, a-t-il encore précisé.

Des explosions

Des explosions ont été entendues à Kiev et dans une autre ville ukrainienne, rapporte l’agence de presse Reuters. Plus tard, des explosions et des tirs ont été entendus dans les régions de la Crimée frontalières avec l’Ukraine mais les forces de l’ordre et les unités de la Défense russe maintiennent le contrôle de la situation dans la péninsule, selon Sergueï Axionov, Premier ministre de la péninsule.

«Je veux assurer à tous les habitants de la Crimée que je dispose de toutes les informations au sujet de la situation aux régions frontalières. Tous les services et organismes gouvernementaux poursuivent les opérations. La Crimée et ses habitants ne sont pas menacés pour le moment», a-t-il ajouté.

La milice populaire de la République populaire de Lougansk (RPL) exhorte par ailleurs les membres des services ukrainiens à déposer leurs armes et à s’abstenir de suivre les ordres de leurs commandants, a déclaré le porte-parole de la milice, Ivan Filiponenko, dans une allocution vidéo jeudi.

«J’appelle les membres des forces armées ukrainiennes à déposer leurs armes, à quitter leurs positions et à s’abstenir de suivre les ordres illégaux de leurs commandants. C’est la seule façon pour eux d’obtenir une vie décente dans un pays libre», a-t-il souligné.

Biden réagit

Le président américain Joe Biden a dénoncé mercredi soir (heure américaine) «l’attaque injustifiée» de la Russie contre l’Ukraine. «Le président Poutine a choisi (de lancer) une guerre préméditée qui entraînera des souffrances et pertes humaines catastrophiques», a dit M. Biden dans un communiqué. «La Russie, seule, est responsable de la mort et de la destruction que cette attaque provoquera», a-t-il insisté.

Le président des Etats-Unis, qui a précisé qu’il s’exprimerait jeudi sur les «conséquences» pour la Russie de cette annonce et s’entretiendrait le même jour avec ses homologues du G7, a également promis que «le monde exigera(it) des comptes» de Moscou. Plusieurs élus américains des deux bords ont fustigé la décision de M. Poutine.

Le sénateur démocrate Mark Warner, chef de la commission du Renseignement, a exhorté les Etats-Unis et l’Otan à se montrer «unis» pour faire face aux tentatives de «Poutine de raviver l’empire russe aux dépens du peuple ukrainien». «Pendant plus de 70 ans, nous avons évité une guerre à grande échelle en Europe. Avec son invasion illégale de l’Ukraine, Vladimir Poutine a tragiquement mis fin à des décennies de paix générale», a-t-il écrit.

Le sénateur républicain Mitt Romney a lui appelé les Etats-Unis et leurs alliés à «protéger la liberté» en soumettant «Poutine et la Russie aux sanctions économiques les plus sévères, en les expulsant des institutions mondiales et en nous engageant à l’expansion et à la modernisation de notre défense nationale».

La Belgique aussi

La Belgique condamne «avec force l’attaque inconsidérée de la Russie contre l’Ukraine, alors qu’il n’y a eu aucune provocation», a réagi sur Twitter la ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès. «Les consultations avec nos partenaires et alliés doivent mener à des réponses et des sanctions à la hauteur de l’agression. Unis avec le peuple ukrainien», ajoute-t-elle.

«La Belgique condamne fermement l’attaque de la Russie en Ukraine. L’Europe vit son heure la plus sombre depuis la Seconde Guerre mondiale», a écrit, également sur Twitter, le Premier ministre Alexander De Croo. «Nous sommes en contacts étroits avec nos alliés de l’Otan et de l’UE.» «Cette agression russe n’est pas nécessaire et n’a pas été provoquée. Nos cœurs et nos pensées sont tournés vers le peuple ukrainien.»

Nouvelles sanctions européennes

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel ont évoqué jeudi matin dans une déclaration commune la préparation de nouvelles sanctions européennes envers la Russie. Un nouveau paquet de sanctions est «en train d’être finalisé par la Commission et le Service européen pour l’action extérieure, en coordination étroite avec des partenaires», indiquent-ils dans ce texte transmis à la presse.

Le Conseil (Etats membres) «les adoptera rapidement», précisent-ils. Ce paquet sera en tout cas présenté jeudi soir à la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement convoquée mercredi en urgence par Charles Michel. Les dirigeants des 27 doivent se retrouver à Bruxelles à partir de 20h00.

Mercredi, l’UE avait déjà finalisé l’adoption d’un premier paquet de sanctions sur lequel les ministres des Affaires étrangères s’étaient accordés mardi. Dans leur déclaration, Ursula von der Leyen et Charles Michel rappellent la condamnation européenne des actions russes, «une agression militaire sans précédent contre l’Ukraine», «non provoquée et injustifiée».