La Russie déploie ses troupes dans l’est de l’Ukraine
Le président russe Vladimir Poutine a choisi de défier les Occidentaux, qui ont annoncé des sanctions, en ordonnant à ses troupes d’entrer dans les territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine, provoquant dans la nuit de lundi à mardi une réunion d’urgence du conseil de sécurité pour tenter d’éviter une guerre avec Kiev.
Des colonnes de véhicules militaires, dont des tanks, ont été aperçues dans la nuit de lundi à mardi dans les environs de Donetsk, capitale d’une région séparatiste à l’Est de l’Ukraine. Ce mouvement survient quelques heures après la signature d’un traité «d’amitié et d’entraide» avec les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, reconnue dont l’indépendance a été reconnue par Moscou.
L’accord, rendu public sur le site internet de la Douma, fait aussi référence à une protection conjointe des frontières.
Le président russe Vladimir Poutine a ensuite ordonné à son armée d’entrer dans ces territoires séparatistes dans l’Est de l’Ukraine pour une mission de «maintien de la paix», une décision qui pourrait entraîner une guerre avec Kiev. Aucun calendrier n’a été communiqué sur le déploiement militaire, dont on ignore également l’ampleur. Mais, selon l’Occident, la Russie dispose de quelque 150.000 soldats aux frontières de l’Ukraine
Ces décisions russes ont déclenché des condamnations internationales et des promesses de nouvelles sanctions visant la Russie par l’UE, les USA et le Royaume-Uni, qui doivent les annoncer mardi.
«Les prochaines heures et jours seront critiques. Le risque de conflit majeur est réel et doit être évité à tout prix», a déclaré au début de la réunion la secrétaire générale adjointe de l’Onu pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo.
La Russie a toutefois assuré mardi être toujours «prête» aux négociations avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui doit rencontrer jeudi à Genève son homologue russe Sergueï Lavrov.
L’Ukraine dénonce une violation de sa souveraineté
Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié «les derniers actes de la Russie de violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de notre État», assurant que Kiev ne céderait pas «une parcelle» du pays et n’avait peur «de rien ni personne». Dans une adresse à la Nation, il a également appelé ses partenaires occidentaux à un soutien «clair» et «efficace».
Les décisions russes signent la fin d’un processus de paix sous médiation franco-allemande qui, bien que régulièrement violé, avait permis de stopper les affrontements les plus violents de ce conflit ayant fait plus de 14.000 morts depuis son déclenchement en 2014, après l’annexion de la Crimée par Moscou.
Les États-Unis, l’Union européenne, comme l’Onu, l’Otan et Londres, ont aussi dénoncé la décision du président russe.
3.200 violations de la trêve en 24H
Dans sa longue allocution télévisée, M. Poutine a réitéré ses accusations infondées de «génocide» des Russes et russophones d’Ukraine et présenté l’Ukraine comme un pays artificiel et indissociable de la Russie. La France a dénoncé la «dérive idéologique» et le «discours paranoïaque» de Vladimir Poutine.
Les tensions, qui n’ont cessé de croître ces derniers mois, se sont encore aggravées depuis trois jours avec la recrudescence des heurts dans l’Est de l’Ukraine entre forces de Kiev et les séparatistes. Les observateurs de l’OSCE ont enregistré en 48 heures plus de 3.200 nouvelles violations de la trêve censée être en vigueur.
La Russie a assuré lundi qu’au moins 61.000 personnes avaient été «évacuées» les zones séparatistes vers son territoire.