La Russie a lancé son offensive en Ukraine: le point sur la situation à la mi-journée
Vladimir Poutine a lancé ce matin une invasion de l’Ukraine, avec frappes aériennes et entrée de forces terrestres depuis plusieurs directions. Les autorités ukrainiennes font état quelques heures plus tard d’un premier bilan d’une cinquantaine de morts, dont une dizaine de civils.
Début d’après-midi, un avion militaire ukrainien s’est écrasé près de Kiev avec 14 personnes à bord, a annoncé le service d’État pour les situations d’urgence. L’appareil est tombé près du village de Trypillia, à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale ukrainienne, selon la même source. Selon l’agence de presse russe Tass, le nombre de morts s’élève à cinq personnes.
Le Kremlin prêt à attaquer «le temps nécessaire»
Le Kremlin a indiqué que l’opération militaire contre l’Ukraine durerait le temps nécessaire, en fonction de ses «résultats» et de sa «pertinence», et estimé que les Russes soutiendraient cette attaque. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a aussi affirmé aux journalistes que Moscou avait pour objectif l’imposition d’un «statut neutre» à l’Ukraine, sa démilitarisation et l’élimination des «nazis» qui selon lui se trouvent dans le pays.
«La durée (de l’opération) sera déterminée par ses résultats et sa pertinence. Elle sera déterminée par le commandant en chef» des armées, Vladimir Poutine, a dit M. Peskov. Il a assuré que Moscou ne tentait pas d’organiser une «occupation» de l’Ukraine et que l’avenir restait «une question de choix du peuple ukrainien». «Dans l’idéal, l’Ukraine devrait être libérée et nettoyée des nazis», a affirmé le porte-parole du Kremlin.
«La population n’a rien à craindre»
En matinée, le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, qui s’exprimait à la télévision, a annoncé que les rebelles ont avancé de trois kilomètres dans la région de Donetsk et d’un kilomètre et demi dans celle de Lougansk. Selon lui, les séparatistes «combattent et engagent l’ennemi» dans l’Est de l’Ukraine.
M. Konachenkov a assuré que l’armée russe ne visait pas les villes ukrainiennes, mais seulement les «infrastructures militaires, les installations de défense aérienne, les aérodromes militaires et l’aviation» avec des «armes de haute précision». «La population civile n’a rien à craindre», a-t-il lancé.
Réactions mondiales
L’Union européenne s’apprête à introduire des «sanctions financières massives» contre Moscou et se tient prête à accueillir les réfugiés victimes de l’invasion russe en Ukraine, a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au terme d’une rencontre avec le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, et le président du Conseil européen, Charles Michel, au quartier général de l’Alliance à Bruxelles.
Les trois représentants ont rappelé leur unité face à l’incursion russe en Ukraine. «Il s’agit d’actes atroces contre un pays souverain et sa population», a dénoncé Mme von der Leyen, lors d’une conférence de presse conjointe. Elle a qualifié l’invasion de l’Ukraine par la Russie «d’enjeu sécuritaire d’ordre international».
L’Union européenne prévoit de riposter avec des sanctions financières et coordonnées avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la Norvège, mais aussi le Japon et l’Australie. «M. Poutine va devoir expliquer (l’impact des sanctions sur l’économie russe) à ses concitoyens. Je suis persuadée que les Russes ne veulent pas de cette guerre», a martelé la présidente de la Commission.
L’ONU, de son côté, redoute des conséquences humanitaires «dévastatrices» pour les populations. Le Haut commissaire pour les réfugiés Filippo Grandi a appelé jeudi à Genève à épargner les civils et les infrastructures civiles. «Des personnes commencent à fuir leur habitation», affirme-t-il dans une déclaration. Le HCR oeuvre avec les autorités, l’ONU et d’autres partenaires en Ukraine pour une assistance humanitaire.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a averti que les Occidentaux imposeraient des sanctions «massives» visant l’économie russe en réaction à l’invasion de l’Ukraine, qualifiant Vladimir Poutine de «dictateur». «Diplomatiquement, politiquement, économiquement et, en fin de compte, militairement, cette entreprise atroce et barbare de Vladimir Poutine doit se solder par un échec», a déclaré le chef du gouvernement dans une adresse télévisée aux Britanniques. «Nous ne pouvons, et nous n’allons pas, détourner le regard».
Un avis partagé par le président français Emmanuel Macron. «En choisissant la guerre», Vladimir Poutine «a décidé de bafouer la souveraineté de l’Ukraine et de porter l’atteinte la plus grave à la paix et à la stabilité dans notre Europe», a déclaré lors d’une allocution télévisée jeudi le président français Emmanuel Macron. «Les sanctions seront à la hauteur de l’agression, nous serons sans faiblesse.» Cet «acte de guerre» aura «des conséquences profondes, durables sur nos vies», a ajouté le président de la République. Mais «ne cédons rien de notre unité autour de nos principes», a plaidé M. Macron.
La Belgique réagit
La Belgique prendra avec ses alliés de l’OTAN les mesures nécessaires pour «intensifier la dissuasion et la défense», a expliqué le Premier ministre, Alexander De Croo, dans une déclaration prononcée devant la Chambre à la suite de l’agression armée de la Russie contre l’Ukraine. Mais ces actions seront toujours préventives, proportionnelles et veilleront à ne pas provoquer d’escalade. Au niveau national, les précautions nécessaires seront prises afin de protéger les infrastructures critiques de la Belgique.
Selon lui, ce qui se joue aujourd’hui ne touche pas seulement l’Ukraine mais concerne la sécurité de toute l’Europe.
La Flandre a par ailleurs suspendu avec effet immédiat toutes les licences d’exportation vers la Russie qui valent actuellement pour du matériel considéré comme sensible. Le ministre-président flamand Jan Jambon l’a annoncé jeudi en fin de matinée. La Flandre a été rejointe dans la foulée par Bruxelles.
L’Otan prêt à se défendre
Le secrétaire général de l’Otan a indiqué que le processus de planification de défense de l’Alliance a été activé au terme d’une réunion du Conseil de l’atlantique nord sur l’attaque de l’Ukraine par la Russie. «Dans les prochains jours et semaines, l’Otan renforcera encore sa présence sur le flanc Est», selon le chef de l’organisation de défense.
Le processus de planification de défense (NDPP) vise à offrir un cadre dans lequel les activités de planification de défense des pays et de l’Alliance peuvent être harmonisées pour permettre aux Alliés de fournir le plus efficacement possible les forces et capacités requises. Un sommet est prévu en visioconférence demain/vendredi à ce sujet. M. Stoltenberg a cependant souligné que les forces de l’Otan n’interviendront pas sur le territoire, malgré leur soutien aux troupes ukrainiennes.
«L’Otan est solidaire envers l’Ukraine. En plus des sévères sanctions économiques des pays alliés, l’Alliance a fourni un soutien militaire à l’Ukraine afin de l’aider à renforcer ses capacités de défense. Nous saluons le professionnalisme de l’armée ukrainienne. Nous les soutenons et condamnons les agissements de la Russie. Les alliés n’accepteront pas cette violation brutale du droit international», a indiqué le secrétaire général de l’Otan. «Le moment est grave pour la sécurité en Europe», a-t-il affirmé. La Russie mène un «acte de guerre brutal» contre l’Ukraine et «nous avons une guerre en Europe», a-t-il souligné.
La Russie peut compter sur la Chine
Un des rares pays à avoir apporté son soutien à la Russie est la Chine. La Chine «comprend les préoccupations» de la Russie en matière de sécurité, a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à son homologue russe Sergueï Lavrov, quelques heures après le début de l’invasion russe en Ukraine. «La Chine a toujours respecté la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays», a aussi déclaré M. Wang, selon un compte rendu de l’entretien téléphonique diffusé dans la soirée par son ministère.
«En même temps, nous avons aussi constaté que la question ukrainienne relevait d’une histoire particulière et compliquée. Nous comprenons les préoccupations raisonnables de la Russie en matière de sécurité», a-t-il dit.