Le Brésil a connu ses pires incendies en 18 ans pour un mois de mai en Amazonie
Le Brésil a enregistré le mois dernier le plus grand nombre de feux de forêt en Amazonie pour un mois de mai depuis 2004, et un record absolu pour la région de savane du Cerrado, selon les données officielles rendues publiques mercredi.
Les satellites de l’Institut national de la recherche spatiale (INPE) ont détecté 2.287 foyers d’incendie en Amazonie en mai, près de deux fois plus que sur la même période de l’année dernière. C’est le deuxième mois de mai le plus dévastateur de l’histoire pour la forêt amazonienne, après le record datant de 2004, avec 3.131 foyers d’incendies.
Pour ce qui est du Cerrado, zone de savane riche en biodiversité située au sud de l’Amazonie, pas moins de 3.578 foyers ont été identifiés le mois dernier, du jamais vu pour cette période de l’année depuis que l’INPE a commencé à compiler ces données, en 1998.
«Bolsonaro ignore la science»
Les écologistes rappellent que le Brésil fait face à une recrudescence des feux de forêt et de la déforestation depuis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, en janvier 2019. «Ces chiffres (du mois de mai) ne sont pas une exception, ils font partie d’une tendance de destruction de l’environnement ces trois dernières années, qui résulte d’une politique délibérée du gouvernement», déplore Mauricio Voivodic, directeur de l’antenne brésilienne du Fonds mondial pour la nature (WWF).
Le gouvernement Bolsonaro «ignore la science, et le Brésil va payer un lourd tribut à l’avenir», insiste-t-il. Selon les experts, la plupart de ces incendies sont criminels, consistant en des brûlis agricoles sur des zones déboisées illégalement. Le mois de mai n’est pas habituellement celui où l’on enregistre le plus de feux de forêt. Le pic a plutôt lieu en août et en septembre, au coeur de la saison sèche. Les chiffres déjà très élevés dès le mois de mai laissent donc présager une année 2022 particulièrement dévastatrice.
Le président Bolsonaro, qui est favorable à l’autorisation d’activités minières et agricoles dans des zones protégées -- y compris les territoires indigènes - –, est la cible de nombreuses critiques de la communauté internationale pour sa politique environnementale. Depuis le début de son mandat, la déforestation annuelle moyenne de l’Amazonie brésilienne a augmenté de plus de 75% par rapport à la décennie précédente. La vaste Forêt atlantique («Mata atlantica»), biome tropical également situé au Brésil, a subi l’an dernier une hausse de 66% de la déforestation, selon la Fondation SOS Mata Atlantica.