Le Japon va commercialiser une pilule abortive que la femme pourra seulement prendre avec l’accord de son compagnon
Les Japonaises craignent que leurs compagnons les empêchent d’avorter.
À la fin de l’année, le Japon devrait rejoindre de nombreux pays occidentaux qui autorisent l’avortement médicamenteux, c’est-à-dire via une pilule, pour les grossesses de seulement quelques semaines. Une bonne nouvelle pour de nombreuses femmes qui a cependant suscité un vif débat dans le pays. Et pour cause, les femmes qui souhaiteront avorter via cette technique devront recevoir le consentement clair de leur compagnon. «Le consentement du compagnon est un problème car, en cas de désaccord, la femme sera obligée de garder l’enfant contre sa volonté», explique au Guardian Kumi Tsukahara, fondatrice d’une association luttant pour un avortement sûr. «Pour les femmes, être forcées à vivre une grossesse dont elles ne veulent pas est une forme de violence et de torture», poursuit-elle.
Des situations dramatiques
Cette politique de l’accord du compagnon donne lieu à des drames au Japon. L’année dernière, une femme de 21 ans a ainsi été arrêtée après la découverte du corps de son bébé dans un parc. Au tribunal, la femme avait expliqué qu’elle n’était pas parvenue à obtenir l’accord écrit du père de l’enfant pour pouvoir avorter chirurgicalement. Et pour cause, ce dernier avait tout simplement disparu. Ce qui n’a pas suffi aux médecins pour programmer l’opération. D’autres cas où les docteurs refusent de pratiquer l’avortement pour des femmes violées font également ponctuellement la une de l’actualité japonaise.
Pour des associations japonaises, cette mesure montre à quel point le parlement japonais, composé en grande majorité d’hommes, accorde peu d’importance à la santé des femmes. The Guardian rappelle ainsi qu’il a fallu 40 ans au Japon pour autoriser la contraception orale, mais seulement six mois pour approuver le Viagra.