Le personnel soignant britannique, éreinté par la pandémie, démissionne en masse
Quelque 33.000 employés médicaux du NHS, le système de santé britannique, ont démissionné entre juillet et septembre 2021, dont près de 7.000 en quête d’un meilleur équilibre de vie, selon des statistiques officielles. C’est près du double du dernier trimestre 2019, juste avant la pandémie.
Selon une enquête du syndicat Unison, plus de deux tiers des travailleurs médicaux ont subi un burn-out pendant la pandémie et plus de la moitié a travaillé au-delà de ses heures contractuelles. Résultat: plus de la moitié des employés du secteur cherche un nouvel emploi.
«Le NHS manquait déjà d’environ 100.000 personnes avant le coronavirus», après une décennie d’austérité. «La pandémie a renforcé la pression sur les employés médicaux et beaucoup en ont assez», insiste Sara Gorton, une responsable d’Unison.
L’armée déployée
Face au manque de bras aggravé par le variant Omicron, plusieurs centaines de militaires ont été déployées en renfort dans les hôpitaux et services ambulanciers.
Bill Palmer, du centre de réflexion Nuffield Trust, relève une tendance à la démission en augmentation depuis 2016, mais qui s’est interrompue pendant la première année de la pandémie: «les gens se sentaient obligés de tenir et c’était plus difficile de trouver un travail ailleurs».
Il note que depuis six mois les démissions repartent à la hausse. Certains partent à cause de l’obligation vaccinale dans les maisons de retraite ou certains établissements de soins spécialisés, mais beaucoup mettent en avant la pression dans des services en sous-effectif permanent ou un sentiment de ne pas être valorisés.
De trop maigres salaires
Chez les professions médicales moins qualifiées, la maigre paye ajoute à l’incitation au départ, alors que d’autres secteurs qui manquent de bras, tels que la distribution, augmentent les salaires.
Le Brexit complique la donne, car les démissionnaires au sein du NHS, où travaillent de nombreux étrangers, sont plus difficilement remplacés à cause de procédures migratoires plus complexes et coûteuses.
Quelle que soit leur raison, ces démissions aggravent les retards de soins accumulés par le système de santé: ils atteignent des records et pèsent sur les chances de survie lors d’accidents ou de maladies graves.