Législatives en France: le duel Nupes-Ensemble! a déjà commencé en vue du second tour

La majorité sortante d’Emmanuel Macron et la coalition de gauche (Nupes) emmenée par Jean-Luc Mélenchon ont entamé sans attendre leur duel d’entre-deux tours des élections législatives, après avoir largement dominé le premier tour dimanche devant le Rassemblement national et la droite.

par
AFP
Temps de lecture 5 min.

La coalition autour d’Emmanuel Macron et l’alliance de gauche Nupes sont arrivées à quasi-égalité dimanche lors du premier tour des élections législatives, avec 21.442 voix d’avance seulement pour Ensemble!, selon les résultats du ministère de l’Intérieur. L’alliance macroniste a remporté 25,75% des voix et la Nupes autour de Jean-Luc Mélenchon 25,66%.

De nombreux responsables politiques ont également déploré le fort taux d’abstention, un «fait majeur qui doit tous nous interroger» selon la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire. L’abstention s’est élevée à 52,49%, un record.

Macron tente de sauver sa majorité absolue

La Première ministre Élisabeth Borne a lancé les hostilités pour le second tour, estimant qu’Ensemble! était «la seule force politique en mesure d’obtenir la majorité» à l’Assemblée. «Face aux extrêmes, nous seuls portons un projet de cohérence, de clarté et de responsabilité. J’appelle donc toutes les forces républicaines à se rassembler autour de ce projet et de nos candidats», a poursuivi la cheffe du gouvernement.

Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a lui aussi prédit un «second tour de clarification» entre la macronie et la Nupes.

«La réalité, c’est qu’il y a un projet, le nôtre, qui est européen, et puis un projet, le leur, qui s’éloigne de l’Union européenne. Un projet, le nôtre, qui est républicain, et un projet, le leur, qui s’éloigne à bien des égards de la République», a attaqué l’ancien porte-parole du gouvernement.

La porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire s’est, quant à elle, dite «contente de voir que la majorité est présente dans une écrasante majorité de circonscriptions».

Mélenchon juge «le parti présidentiel défait»

«La vérité est que le parti présidentiel est battu et défait», a réagi le leader de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon, pour qui sa coalition «sera présente dans plus de 500 circonscriptions au deuxième tour».

«Nous avons déjoué tous les pronostics et nous sommes en tête au premier tour» et dimanche prochain «la victoire est possible», a abondé la députée LFI sortante de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain.

Le 19 juin, «ce sera Mélenchon contre Borne», a résumé un autre député LFI sortant, Bastien Lachaud.

Largement en tête dans sa circonscription du Pas-de-Calais mais contrainte à un second tour, Marine Le Pen a jugé possible d’envoyer «un groupe très important» du Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale.

En cas de duel entre la majorité présidentielle et la Nupes, elle a appelé ses électeurs à «ne pas choisir entre les destructeurs d’en haut et les destructeurs d’en bas». «La France n’est ni une salle de marché, ni une Zad», a lancé la responsable d’extrême droite.

Alors que les candidats du RN (18,5% à 19,8% selon les estimations) n’ont pas réussi à capitaliser sur la dynamique de Marine Le Pen à la présidentielle, le président du parti Jordan Bardella a appelé les électeurs au «sursaut», jugeant qu’il n’y avait «pas de fatalité» à l’alternative entre majorité présidentielle et union de la gauche.

De son côté, la droite totaliserait entre 11,4% et 14% des voix, un score bien plus élevé que les 4,76% de la candidate des Républicains (LR) Valérie Pécresse à la présidentielle. Le sénateur Philippe Bas a salué «un redressement très net» de LR, qui pourrait néanmoins perdre sa place de premier groupe d’opposition au Palais-Bourbon dimanche prochain.

Le président de LR Christian Jacob ne veut, lui, donner «aucune voix pour les extrêmes, que ce soit l’extrême droite ou l’extrême gauche», a-t-il déclaré dimanche sur France 2.

Interrogé sur les indications de vote que donnera LR en ce cas, «on le définira demain car on a un conseil stratégique, mais il y a une ligne qui a toujours été claire: c’est aucune voix pour les extrêmes, que ce soit l’extrême droite ou l’extrême gauche», a-t-il précisé, en annonçant que les députés LR seront «constructifs» dans l’opposition.

Eric Zemmour éliminé au premier tour

De son côté, Eric Zemmour, président du parti d’extrême droite Reconquête!, a été éliminé au premier tour des législatives dans le Var, après être arrivé troisième, avec 23,19% des suffrages exprimés derrière la députée sortante LREM Sereine Mauborgne (28,51%) et le RN Philippe Lottiaux (24,74%).

Selon les chiffres complets de la préfecture du Var, l’ex-journaliste, quatrième à la présidentielle avec environ 7% des suffrages, a été devancé de 801 voix par le candidat du Rassemblement national. Dans le camp de Reconquête!, le maire de Cogolin, où le candidat d’extrême droite avait organisé sa soirée électorale dimanche soir, a reconnu cette défaite auprès de l’AFP.

Chez LREM, l’élimination dès le premier tour de l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer n’est pas non plus passée inaperçue. M. Blanquer est arrivé en troisième position dans la 4ème circonscription du Loiret, avec 18,89% des suffrages, derrière Bruno Nottin, candidat de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (19,43%) et Thomas Ménagé, du Rassemblement national, qui arrive en tête avec 31,45%.