L’embargo pétrolier pourrait être la dernière des sanctions énergétiques de l’UE contre Moscou

Le large embargo sur le pétrole russe décidé lundi soir à Bruxelles par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE pourrait marquer une pause voire le point final de la politique de sanctions énergétiques européennes contre Moscou, est-il ressorti mardi du sommet européen de Bruxelles.

par
Belga
Temps de lecture 3 min.

«Concentrons-nous à présent sur la mise en œuvre du sixième paquet de sanctions», a exposé le président du Conseil européen Charles Michel, après avoir arraché un accord plutôt inattendu, au vu du blocage ces dernières semaines de la Hongrie et les réticences d’autres pays enclavés et dépendants des oléoducs russes.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est allée dans ce sens en estimant que l’UE atteint désormais l’ensemble du secteur énergétique russe, en délivrant des sanctions sur le charbon puis sur le pétrole, ainsi qu’en prévoyant d’agir sur la fin de la dépendance européenne au gaz russe à travers la stratégie RePowerEU.

Pas d’embargo sur le gaz?

À la Commission comme au Conseil, l’important est maintenant de vérifier comment se comporte le secteur économique et financier en Russie. S’il y a des échappatoires aux sanctions énergétiques, il faudra encore les combler. Seuls quelques États membres «très minoritaires» soutiendraient l’Ukraine dans sa demande d’un septième paquet de sanctions. Viser le gaz russe n’est certes pas totalement exclu, mais il faudrait pour cela constater une escalade, une aggravation importante.

«Pour la Belgique, ce paquet est un grand pas en avant, arrêtons-nous là pour le moment et voyons son impact», a confirmé le Premier ministre belge Alexander De Croo, en insistant sur la nécessité de maintenir les prix de l’énergie sous contrôle, éventuellement à travers un plafonnement des prix.

Pour la Première ministre estonienne Kaja Kallas, un embargo sur le gaz devrait figurer dans un septième paquet de sanctions, «mais je suis réaliste, je pense qu’il n’y sera pas», a-t-elle tempéré. Vu les coupures de gaz déjà imposées par Gazprom aux pays qui refusent de payer leurs achats en roubles, elle constate que «ce sont les Russes qui mettent (eux-mêmes) les sanctions sur le gaz».

Quant au triomphalisme du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui a assuré sa population de pouvoir continuer à acheter le gaz russe à bon prix grâce à l’exemption qu’il a obtenue, on faisait remarquer de source européenne que l’absence de délai fixé à cette exemption était liée à l’absence de compensation financière à la Hongrie, qui en réclamait. La question de l’exception temporaire – qui est plus large que la seule Hongrie – reviendra «dès que possible» sur la table du Conseil européen, selon les conclusions du sommet, ce qui signifie que «la dynamique est lancée», commentait-on.