Les bibliobus sillonnent de nouveau les rues de Kaboul, au plus grand bonheur des enfants afghans

Devant un orphelinat de Kaboul, les sourires des enfants sont de retour: dimanche, le bus bibliothèque est à nouveau là, pour la première fois depuis que les talibans ont repris le pouvoir mi-août.

par
AFP
Temps de lecture 3 min.

«Je me sens vraiment heureux. Je peux à nouveau étudier sur les livres que j’aime», dit Arezo Azizi, une fille de 11 ans, montrant son ouvrage favori: un livre de calcul où plus un chat sait compter, plus il gagne de morceaux de fromage.

Elle est assise dans ce véhicule où les rangées de sièges ont été enlevées et remplacées par des tables, des chaises et des étagères remplies de livres pour enfants et de coloriages. «La bibliothèque n’était pas venue depuis trois mois», explique-t-elle au milieu du brouhaha créé par les enfants.

Cinq de ces bus circulent ainsi à Kaboul, loués et équipés par une ONG locale, Charmaghz, dirigée par Freshta Karim, une Afghane diplômée de l’université d’Oxford (Royaume-Uni).

L’éducation des filles en péril

Des centaines de petits Afghans ont profité ces dernières années de bibliothèques mobiles qui sillonnent la capitale, rendant visite aux écoles et aux orphelinats parfois très démunis. Mais après la prise du pouvoir par les talibans à la mi-août, «nous avons perdu presque tous nos parraineurs», rappelle Ahmad Fahim Barakati, le directeur adjoint de l’ONG.

Le ministère de l’Éducation taliban a donné l’autorisation de circuler aux bibliothèques mobiles il y a quelques semaines. Mais il a fallu ensuite obtenir, ces derniers jours, un accord du ministère des Transports, propriétaire de ces véhicules, explique M. Barakati.

La libraire, Ramzia Abdi Khail, 22 ans, portant une tunique et un voile noirs, est toute aussi ravie que les enfants d’être de retour. «C’est un sentiment délicieux. D’autant qu’en ce moment, les écoles n’ont pas toutes rouvert», souligne-t-elle. L’éducation des filles a particulièrement souffert du retour au pouvoir des talibans, les collèges et les lycées n’ayant notamment toujours pas été autorisés à reprendre leurs activités.

«Nous accueillons aussi des enfants de la rue et j’adore m’occuper d’eux car, d’ordinaire, ils ne vont pas à l’école. Comme ça, je peux leur rendre service», souligne la libraire, qui a avec elle «des livres islamiques», «des livres d’histoire en anglais et en dari» (le persan afghan), «des livres de coloriage», «des jeux».

L’ONG Charmaghz a juste assez d’argent pour faire circuler les bus pendant un mois environ, souligne M. Barakati. «Nous collectons de l’argent sur internet à travers le monde et j’espère qu’on va avoir assez de sponsors et de donateurs» pour continuer, dit-il.