Les cas signalés de rougeole ont explosé de 79% dans le monde au cours des deux premiers mois de l’année
L’OMS et l’Unicef constatent un boum des cas de rougeole dans le monde et tirent la sonnette d’alarme.
Les cas signalés de rougeole ont explosé de près de 80% dans le monde au cours des deux premiers mois de l’année, ont annoncé mercredi l’Organisation mondiale de la santé et l’Unicef.
L’OMS n’a eu de cesse ces derniers mois de sonner l’alarme sur le risque de «catastrophe absolue» si le dangereux retard pris dans la vaccination des enfants à cause de la pandémie de Covid-19 n’est pas rattrapé et si les restrictions sanitaires sont levées trop vite.
La maladie pourrait toucher des millions d’enfants en 2022
Le résultat est vertigineux: le nombre de cas a bondi de 79% au cours des deux premiers mois de 2022, en comparaison avec la même période l’an dernier, selon l’OMS et l’Unicef. Les deux agences de l’ONU craignent désormais l’apparition de graves épidémies de rougeole, une maladie virale hautement contagieuse, qui pourraient toucher des «millions d’enfants» en 2022.
Pour l’instant, quelque 17.338 cas de rougeole ont été signalés dans le monde en janvier et février 2022, contre 9.665 au cours des deux premiers mois de 2021. Mais les chiffres sont probablement plus élevés car la pandémie a perturbé les systèmes de surveillance.
L’importance de la vaccination
La meilleure protection contre la rougeole, qui tire son nom des plaques rouges caractéristiques sur tout le corps, est une couverture vaccinale très élevée.
Il y a eu 21 épidémies de rougeole importantes au cours des 12 derniers mois (jusqu’en avril), la plupart en Afrique et dans la région de la Méditerranée orientale.
Les pays qui ont connu les plus grandes épidémies de rougeole depuis l’année dernière sont la Somalie, le Yémen, le Nigeria, l’Afghanistan et l’Éthiopie.
La rougeole étant très contagieuse, les cas ont tendance à apparaître lorsque les niveaux de vaccination diminuent. Les deux agences onusiennes craignent que les épidémies de rougeole soient un signe avant-coureur d’épidémies d’autres maladies qui se propagent plus lentement.
«La rougeole est plus qu’une maladie dangereuse et potentiellement mortelle. C’est aussi un des premiers signes qu’il y a des lacunes dans la couverture vaccinale mondiale», a souligné la directrice générale de l’Unicef, Catherine Russell.
Un lien avec la pandémie de Covid-19
Selon l’OMS et l’Unicef, un nombre trop élevé d’enfants n’ont pas pu bénéficier de vaccins contre la rougeole en raison notamment des perturbations des systèmes de santé liées à la pandémie de Covid-19.
En 2020, 23 millions d’enfants dans le monde n’ont pas reçu les vaccins infantiles de base par le biais des services de santé de routine, le nombre le plus élevé depuis 2009 et 3,7 millions de plus qu’en 2019, selon l’OMS et l’Unicef.
«La pandémie de Covid-19 a interrompu les services de vaccination, les systèmes de santé ont été débordés et nous assistons maintenant à une résurgence de maladies mortelles, dont la rougeole. Pour de nombreuses autres maladies, l’impact de ces interruptions des services de vaccination se fera sentir pendant des décennies», a averti le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
«Le moment est venu de remettre sur les rails les programmes de vaccination essentielle et de lancer des campagnes de rattrapage afin que tout le monde puisse avoir accès à ces vaccins vitaux», a-t-il demandé.
Le risque d’épidémies importantes augmente à mesure que les pays assouplissent les mesures préventives prises pour lutter contre la Covid-19, telles que le respect de la distanciation physique.
«Il est encourageant de constater que les habitants de nombreuses communautés commencent à se sentir suffisamment protégés contre la Covid-19 pour reprendre davantage d’activités sociales. Mais le faire dans des endroits où les enfants ne reçoivent pas de vaccination de routine crée les conditions parfaites pour qu’une maladie comme la rougeole se propage», a averti Mme Russell.
Le déplacement de millions de personnes en raison des conflits et des crises en Ukraine, Éthiopie, Somalie et Afghanistan, entre autres, augmente également le risque d’épidémies auprès des populations déjà très affaiblies.