Les décisions russes sont, «un acte de guerre dans une guerre qui dure depuis huit ans», réagit Didier Reynders
Le commissaire européen Didier Reynders a évoqué mardi matin au micro de la Première les sanctions dont discuteront les 27 États membres de l’UE à la suite de l’«acte de guerre» de Moscou, soit l’annonce d’une reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes ukrainiennes de Donetsk et Lougansk.
Lundi soir, le président russe Vladimir Poutine a également ordonné à des troupes russes de se rendre dans les deux régions pour des missions de «maintien de la paix».
Il s’agit d’un acte de guerre de la part de Moscou, «dans une guerre qui dure depuis huit ans», soit depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée, a rappelé Didier Reynders, interrogé mardi matin en radio. Cet acte ne vient que confirmer la «volonté de la Russie de prendre pied dans des pays voisins», de conserver une sphère d’influence face à l’Otan, comme elle l’a déjà démontré les dernières années en Moldavie, en Géorgie puis en Crimée.
Un «jeu complet» de sanctions
Du côté de l’UE, «tout est sur la table», indique-t-il quant aux sanctions, dont on sait que la Commission a préparé un «jeu complet». Ce paquet de sanctions est régulièrement brandi en menace ces derniers mois côté européen, sans qu’on ne sache précisément jusqu’où elles pourraient aller (va-t-on par exemple toucher à Nord Stream 2?). Sur le plan des sanctions économiques, «nous pouvons faire en sorte qu’il n’y ait plus d’importation de certains biens ou services depuis la Russie, on pense bien sûr à l’énergie et faire en sorte qu’elle n’ait plus accès aux services financiers» (au réseau Swift, NDLR), résume Didier Reynders. On peut également «toucher au transfert de technologies», notamment celles nécessaires au secteur russe de l’énergie.
Le tout, comme l’avait indiqué le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell lundi, est de voir «quelle est la gradation qu’on envisage» pour ces sanctions, en fonction de la gravité des actes posés par Moscou. C’est un travail qui doit se faire au niveau des États membres.
Il faut aussi tenir compte des chances qui subsistent «d’un dialogue pour limiter le conflit» aux territoires déjà concernés, soit la Crimée et le Donbass, indique Didier Reynders. Une intervention armée de l’Otan en Ukraine est-elle envisagée? «Non, je crois qu’au sein de l’Otan, le choix qui a été fait est plutôt de renforcer la présence aux frontières de l’Otan, et l’Ukraine n’en fait pas partie. Mais il y a un soutien à travers des livraisons d’armements, par exemple». Cela devrait rester ainsi «si l’on peut circonscrire les difficultés à la région du Donbass», ajoute le Belge.