Les glaciers fondent plus vite lorsqu’ils finissent dans un lac
Les glaciers se réduisent comme peau de chagrin sous l’effet du réchauffement climatique, mais ils fondent plus vite s’ils finissent leur course dans un lac que sur la terre ferme, selon une étude financée par le Fonds national suisse (FNS).
Les glaces éternelles reculent dans le monde entier. Au fil du temps, l’eau de fonte peut s’accumuler et former de nouveaux lacs.
Des scientifiques ont analysé pour la première fois ce phénomène en détail et à grande échelle pour les glaciers de montagne, indique dans un communiqué le FNS, principale institution suisse d’encouragement de la recherche scientifique.
L’étude a porté sur les 319 glaciers d’une superficie de plus de trois kilomètres carrés dans l’Himalaya central et oriental. Un cinquième d’entre eux environ forment des lacs. Les glaciers de cette région alimentent de grands fleuves tels que le Gange et le Brahmapoutre et contribuent à l’alimentation en eau d’un demi-milliard de personnes.
Pour leurs analyses, les scientifiques ont eu recours aux satellites européens Sentinel-2 qui survolent le territoire tous les cinq jours.
«Un effet de portance»
Les images infrarouges prises de 2017 à 2019 ont révélé que les glaciers qui se terminent dans un lac se sont déplacés à une vitesse moyenne de 20 mètres par an, soit deux fois plus vite que ceux qui se terminent sur la terre ferme.
Cette accélération pourrait s’expliquer «par le fait que la langue glaciaire subit un effet de portance qui réduirait la résistance», selon les chercheurs.
«Ces résultats sont très importants pour prévoir les disponibilités en eau», indique le responsable de l’étude Tobias Bolch, de l’Université de St Andrews en Ecosse, qui a auparavant mené des recherches pendant de nombreuses années l’Université de Zurich.
Car lorsque les glaciers s’écoulent plus vite, les réserves d’eau accumulées dans la glace s’épuisent plus rapidement et les cours d’eau en reçoivent moins.
Pénuries d’eau
«Jusqu’à présent, l’accélération provoquée par les lacs glaciaires n’avait pas été intégrée dans les prévisions», précise Tobias Bolch. «Dans les régions d’Asie touchées, des pénuries d’eau pourraient par conséquent intervenir plus rapidement que prévu».
Les résultats sont aussi importants sous un autre angle: ils permettent de mieux calculer la vitesse de remplissage des lacs et d’établir à partir de quand le barrage formé par la moraine terminale (amas de blocs et de débris rocheux détachés d’un glacier) risque de rompre et de libérer une vague géante dans le lac.
En l’an 563, une vague catastrophique a ainsi balayé le lac Léman, le plus grand lac naturel d’Europe de l’Ouest, situé entre la Suisse et la France.
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