Les personnes qui ont vécu des catastrophes naturelles sont plus réceptives à la résilience climatique
D’après une étude, les Américains qui ont vu de près des ouragans ou des immenses feux de forêt sont plus résilients et plus enclins à accepter de suivre des mesures préventives, comme celles de couper temporairement l’électricité chez eux.
Ouragans, tempêtes, incendies… Les catastrophes naturelles se multiplient. On se souvient toutes et tous de l’été 2021, où les feux de forêt se sont enchaînés de la Grèce à la Californie et où les inondations ont provoqué de graves dégâts en Europe occidentale. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) nous prévient dans le deuxième volet de son sixième rapport publié lundi 28 février: ces phénomènes risquent de s’amplifier dans les années à venir sous l’effet du changement climatique, surtout si les températures dépassent les 2ºC.
Les personnes situées aux premières loges, aux revenus précaires et/ou à la santé fragile sont les premières à en avoir conscience, estiment deux études distinctes réalisées par des chercheurs de l’université de Stanford (États-Unis).
Une prise de conscience
La première enquête a été réalisée en 2018 après le «Camp Fire», incendie de forêt le plus destructeur et le plus meurtrier de l’histoire de la Californie. Une catastrophe déclenchée par le vent et les épisodes de chaleur qui ont contribué à un surrégime des lignes électriques.
Depuis, des coupures temporaires d’électricité sont régulièrement instaurées par les compagnies dans cet État américain, notamment en période de fortes chaleurs. Ces mesures affectent des millions de personnes, en particulier celles âgées de plus de 65 ans, les foyers à très faibles revenus, les individus qui ont besoin d’équipements médicaux à domicile ou encore les parents d’enfants de moins de cinq ans.
Pourtant, les personnes qui ont assisté à ce terrible incendie formulent un avis positif face à ces mesures de protection. En particulier celles qui rencontrent des problèmes de santé respiratoire liés à une mauvaise qualité de l’air. De la même manière, les personnes qui ont perdu des biens matériels à cause de l’incendie et qui sont en situation de précarité se montrent davantage réceptives à ces coupures imposées.
«Ces résultats montrent clairement que les communications sur les coupures d’électricité envoyées aux ménages dans les zones touchées par les incendies de forêt doivent tenir compte de leurs vulnérabilités et de leurs risques», estime la Pre Wong-Parodi, autrice principale de l’étude.
La deuxième enquête a sondé plus de 1.700 personnes originaires de Floride et du Texas en 2020, alors que quatre ouragans potentiellement importants se préparaient dans l’Atlantique. Ils ont constaté que les expériences négatives des ouragans ou l’évaluation des risques étaient associées à une attitude de prévention plus fréquente: utilisation des outils de prévisions des ouragans avant de partir en voyage, recherche d’abris, constitution de kits d’urgence,etc.
Les personnes qui ont vécu un ou plusieurs ouragans et qui associent ces événements au changement climatique ont des perceptions du risque encore plus élevées et sont également davantage enclines à s’adapter aux mesures préventives, sans les associer à une image «punitive», note l’étude.
«Dans l’ensemble, les enquêtes sur les ouragans et les incendies de forêt montrent clairement qu’une adaptation efficace nécessite une meilleure compréhension de la façon dont les gens évaluent les risques et s’inquiètent de la menace d’événements extrêmes, en prenant en compte leur expérience personnelle et leurs préoccupations», arguent les auteurs de l’étude.