Les récentes avancées en termes de bien-être animal dans le monde à la loupe
Ce jeudi 26 août était placé sous le signe de la Journée mondiale pour la fin du spécisme. Soit l’idée selon laquelle les êtres humains seraient supérieurs aux êtres animaux, au détriment de leur bien-être. Un paradigme toutefois remis en question ces dernières années à travers le monde, comme en témoignent plusieurs lois visant à octroyer davantage de droits aux animaux.
«Mettons fin au spécisme». C’est le message envoyé à travers cette journée mondiale qui a pour objectif d’abolir la hiérarchisation entre les espèces et à prôner l’antispécisme. Autrement dit, combattre la prétendue supériorité des humains sur les animaux. Une forme de domination qui s’exerce jusque dans nos pratiques quotidiennes, de la viande que nous mangeons jusqu’aux vêtements que nous portons, en passant par les activités touristiques ou spectacles conçus pour nous divertir.
L’antispécisme a été théorisé dans les années 70 par le philosophe américain Peter Singer. À l’époque, il commence à s’interroger sur le rapport de domination que les humains entretiennent avec les animaux, dénoncé par une minorité depuis des siècles, mais jamais suffisamment pris au sérieux jusqu’ici. En 1975, il publie le livre Animal Liberation qui deviendra un best-seller mondial. L’ouvrage est considéré comme fondateur des principes de l’antispécisme.
«Une éthique antispéciste accorde une considération égale aux intérêts de tous les êtres qui éprouvent des sensations, qui sont sensibles à la douleur et au plaisir», rappelle l’association de défense des droits des animaux L214, célèbre pour ses vidéos chocs dénonçant la souffrance extrême infligée aux animaux dans les élevages industriels, et qui contribue largement à sensibiliser le grand public à la cause animale.
Selon un sondage réalisé en 2020 auprès de 26000 consommateurs dans plusieurs pays européens par la chaîne de supermarchés Veganz (Berlin), le nombre de végétaliens aurait doublé en l’espace de deux ans, passant de 1,3 million à 2,6 millions, tandis que 30% des sondés affirment réduire leur consommation de viande. Dans le monde, la part de personnes végétariennes est estimée entre 5% à 8%.
Cet éveil des consciences vis-à-vis de la condition animale se traduit également par des projets de loi visant à octroyer plus de droits aux animaux dans le monde, avec des terrains d’action spécifiques selon les pays. L’une des mesures les plus emblématiques est sans doute l’interdiction d’animaux sauvages dans les cirques itinérants. En 2021, la présence de tigres, lions, girafes ou éléphants est proscrite sous les chapiteaux nomades dans plus d’une vingtaine de pays européens.
En retard par rapport à ses voisins (la Belgique a instauré cette mesure dès 2013), la France va elle aussi appliquer progressivement cette interdiction, dans le cadre d’une loi votée en 2021 pour lutter contre la maltraitance animale et qui contient plusieurs mesures, dont l’interdiction de la reproduction et de l’introduction de nouveaux orques et dauphins dans les delphinariums, la fin des ventes de chiens et chats en animalerie et l’arrêt d’élevages de visons d’Amérique pour la production de fourrure.
Le Royaume-Uni a lui aussi récemment entrepris un vaste plan visant à lutter contre la maltraitance animale. En mai 2021, le ministre de l’Environnement George Eustice a annoncé la mise en place d’une législation visant à reconnaître les animaux comme des êtres sensibles. La loi comporte d’autres mesures visant à renforcer la protection des animaux tels l’arrêt de production et d’importation du foie gras, la restriction de la chasse à la glu et l’interdiction de se procurer des «trophées de chasse» provenant d’animaux sauvages (ivoires, peaux de serpent, cornes de rhinocéros etc).
L’exploitation des animaux pour faire tourner le tourisme de masse pose également problème. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des pays prennent des mesures pour réduire la maltraitance animale, à l’instar de l’Afrique du Sud qui a annoncé mai dernier son intention d’interdire l’élevage de lions en captivité.
De son côté, le Sri Lanka travaille sur un vaste plan dédié à la protection de ses éléphants. L’un des mesures prévoit de limiter le nombre de personnes sur le dos des mammifères pendant les balades (pas plus de quatre par éléphant), ainsi que d’interdire l’exploitation de ces animaux dans les films (à l’exception des productions gouvernementales soumises à un contrôle vétérinaire strict).
Ce pays d’Asie du sud-est compte également délivrer une carte d’identité biométrique aux éléphants captifs… mais aussi d’interdire de monter à dos d’éléphant si l’on a bu de l’alcool!