Les yeux se tournent vers Glasgow à l’aube de la COP26
Après la déception de la COP25, fin 2019 à Madrid, qualifiée par le secrétaire général de l’ONU «d’occasion manquée», les attentes sont énormes à l’égard des dirigeants de la planète, qui se retrouveront dès dimanche à Glasgow pour la 26e conférence de l’ONU sur les changements climatiques.
Parmi les enjeux de cette réunion cruciale, retardée d’un an par la pandémie de Covid-19: le rehaussement de l’ambition climatique, l’aide financière aux pays en voie de développement ou encore la finalisation des règles de fonctionnement de l’accord de Paris.
Le mot «ambition» sera à nouveau sur toutes les lèvres à Glasgow, où la COP26 marquera le grand retour des États-Unis dans l’accord de Paris après les années Trump. Les engagements pris jusqu’ici par les États parties au traité, que ce soit via leur contribution déterminée au niveau national (NDC dans le jargon onusien) ou des objectifs de neutralité carbone à moyen terme, restent en effet nettement insuffisants. Selon les estimations, ils conduisent la Terre vers un réchauffement catastrophique de 2,7ºC au cours du siècle alors que l’accord de Paris vise à maintenir le réchauffement mondial bien en-deça de 2ºC et si possible à 1,5ºC.
Un rapport du Giec alarmiste
Les rapports du Giec l’ont démontré: chaque dixième de degré compte si l’on veut limiter les conséquences les plus graves des changements climatiques. Pour ce faire, il reste huit ans, soit d’ici 2030, pour grosso modo diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre. La COP26 permettra-t-elle d’enfin fixer le bon cap? De l’aveu du Premier ministre britannique lui-même, la partie est loin d’être gagnée. «Cela s’annonce très difficile», a reconnu Boris Johnson.
La présidence britannique de la COP a déjà ferraillé pour rallier un maximum de pays à une série de «déclarations» visant notamment la fin du charbon, une transition climatique juste ou une accélération de la transition vers des véhicules zéro émission. Quant à l’Union européenne et aux Etats-Unis, ils ont lancé une «Global Methane Pledge» visant à réduire de 30% les émissions de méthane entre 2020 et 2030.
Les rapports Nord-Sud essentiels
Autre fil rouge des négociations climatiques: l’argent. Pour permettre aux pays du Sud de lutter contre la crise climatique, les pays riches s’étaient engagés dès 2009 (à la COP15 de Copenhague) à verser aux pays pauvres 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Las! A en croire les chiffres de l’OCDE, le financement climat s’élevait à seulement 79,6 milliards de dollars en 2019. Les chiffres 2020 ne sont pas encore connus mais il est acquis que la promesse des pays riches n’a pas été tenue. A la demande de la présidence britannique de la COP26, un «Climate Finance Delivery Plan» a été concocté par les ministres allemand et canadien de l’Environnement, sur base d’analyses de l’OCDE. Il en ressort que l’objectif de 100 milliards de dollars pourrait finalement être atteint en… 2023. Mais il n’est pas sûr que cela permettra de rétablir l’indispensable confiance entre les différents blocs de pays.
D’aucuns craignent en outre que la question de la vaccination n’empêche l’organisation d’une COP26 véritablement «équitable et inclusive». Les pays africains n’ont pas eu le même accès que les occidentaux aux vaccins contre la Covid, d’où un taux de vaccination encore faible. En Belgique, la Coalition Climat appelle la présidence britannique de la COP26 à tenir sa promesse de vacciner tous les participants qui n’auraient pas pu l’être et à débloquer des fonds suffisants pour couvrir les coûts associés à toute quarantaine et aux restrictions de voyage imposées aux participants des pays à faible revenu.
Respecter les accords de Paris
La 26e conférence de l’ONU sur les changements climatiques aura aussi à se pencher sur l’article 6 de l’accord de Paris qui permet notamment la mise en place de marchés carbone. Ce point particulièrement technique n’avait pu être finalisé ni à Katowice (COP24 en 2018) ni à Madrid (COP25 en 2019) et revient donc sur la table des négociations à Glasgow…
D’autres sujets, et non des moindres, alimenteront encore les débats: l’abandon des énergies fossiles, l’adaptation aux changements climatiques, les pertes et préjudices liés à ceux-ci, le renforcement de la capacité des pays pauvres, les transferts de technologies, la question du genre, des peuples autochtones, etc.etc.
Des dizaines de milliers de participants (responsables politiques, négociateurs, ONG, journalistes, observateurs…) sont traditionnellement attendus aux COP climat mais la Covid-19 s’est invitée dans l’équation. Le «Scottish event campus» de Glasgow ne pourra accueillir «que» quelque 10.000 personnes par jour. Lesquels devront montrer patte blanche en se soumettant notamment à des tests covid quotidiens.
La COP26 se tiendra du dimanche 31 octobre au vendredi 12 novembre. En ouverture, un «sommet des dirigeants mondiaux» réunira les 1er et 2 novembre plus de 120 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre belge Alexander De Croo. Le président américain Joe Biden sera présent à Glasgow, au contraire de Xi Jinping et de Vladimir Poutine qui brilleront par leur absence.