Marina Ovsiannikova, la protestataire de la télé russe, ne veut pas quitter la Russie
Marina Ovsiannikova, employée d’une chaîne de télévision russe qui a fait irruption pendant un journal télévisé pro-Kremlin pour dénoncer l’offensive en Ukraine, affirme qu’elle ne veut pas quitter son pays. Bien qu’elle craigne pour sa sécurité après son action de protestation.
«Nous allons rester en Russie», a-t-elle déclaré au magazine allemand Der Spiegel publiée mercredi, faisant référence aussi à ses enfants de 17 et 11 ans. «Je suis patriote, mon fils l’est davantage encore. Nous ne voulons certainement pas partir, nous ne voulons pas émigrer où que ce soit», a-t-elle poursuivi. «Ma vie a changé pour toujours, je commence doucement à faire la paix avec cette idée. Je ne pourrais jamais retourner à mon ancienne vie», a poursuivi la Russe.
Elle confie ne pas avoir pensé aux conséquences sur le moment, mais que celles-ci commencent à être de plus en plus claires de jour en jour. Elle confirme se cacher pour le moment avec des amis.
Une amende avant la prison ?
Mme Ovsiannikova s’est illustrée en faisant irruption en direct lundi soir lors du journal télévisé le plus regardé de Russie, sur la chaîne Pervy Kanal, avec une pancarte critiquant l’opération militaire de Moscou en Ukraine et dénonçant la «propagande» des médias contrôlés par le pouvoir. Les images de ce geste ont fait le tour du monde, nombre d’internautes saluant un acte d’un «courage extraordinaire» dans un contexte de répression sans merci contre toute voix critique en Russie.
Un tribunal de Moscou a infligé mardi une amende à Mme toutefois l’emprisonner. Elle a été Reconnue coupable d’avoir commis une «infraction administrative», Mme Ovsiannikova devra payer une amende de 30.000 roubles (environ 250 euros au taux actuel). Bien que remise en liberté mardi, elle risque encore des poursuites au pénal passibles de lourdes peines de prison.
L’audience de mardi n’était en effet pas directement consacrée à l’action de M. Ovsiannikova à l’antenne de Pervy Kanal, mais à une vidéo diffusée parallèlement sur internet dans laquelle elle dénonce l’entrée des troupes russes en Ukraine.
Son avocat a dit à l’AFP redouter qu’elle soit jugée pour publication d’«informations mensongères» sur l’armée russe, un crime passible d’une peine maximale de 15 ans de prison.