À Marioupol, la menace d’une épidémie de choléra fait trembler les habitants
Bâtiments détruits, déchets qui s’accumulent, cadavres qui jonchent les rues… À Marioupol, dévastée par les bombardements russes, le tableau est affreusement désolant.
La cité portuaire, passée sous contrôle russe, fait face à une nouvelle menace. En effet, les autorités ukrainiennes craignent le développement d’une épidémie «explosive» de choléra.
Les dommages colossaux qu’a subis la ville ont détruit tous les systèmes de distribution d’eau et d’égouts. «La ville se noie littéralement sous les ordures et les eaux usées», a alerté l’adjoint au maire Sergueï Orlov ce mardi. «Les températures estivales accélèrent la décomposition de milliers de cadavres restés sous les décombres. Et cela empoissonne l’air.»
Une telle situation s’avère propice au développement d’une épidémie de choléra, maladie qui se transmet généralement par l’eau. Or, «toutes les sources d’eau sont désormais polluées par les détritus et par les cadavres», indique l’adjoint.
«Ça a commencé»
Durant les semaines de siège, l’approvisionnement en eau potable était rendu quasi impossible. Aujourd’hui encore, il reste très difficile d’avoir accès à l’eau potable. Les habitants de Marioupol doivent faire la queue pendant des heures pour y avoir accès, explique le conseiller du maire de la ville, Petro Andryushchenko. Et cela, uniquement un jour sur deux.
D’après le conseiller local, les habitants eux-mêmes ont évoqué leurs craintes face à la propagation du choléra. «L’épidémie a plus ou moins commencé», lui ont confié des Ukrainiens sur place.
Impossible de faire face à l’épidémie
Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés. S’il n’est pas traité immédiatement (par réhydratation), il peut entraîner la mort des malades en quelques heures.
Or, la ville portuaire n’est pas équipée pour faire face à cette maladie extrêmement virulente. La situation humanitaire à Marioupol est dramatique: toutes les installations médicales ont été détruites, la pénurie de médicaments est criante, sans parler du manque de médecins et de personnel soignant.
«Nous ne pouvons pas être sûrs à 100% qu’il y aura des épidémies», tempère de son côté le vice-ministre de la Santé ukrainien, Ihor Kuzin. «Mais toutes les conditions préalables à leur émergence sont déjà réunies».
Selon les autorités ukrainiennes, les forces russes (qui contrôlent la cité) auraient mis toute la ville en quarantaine.