Nouvelles frappes à la centrale nucléaire de Zaporijjia: «L’heure est grave»
«L’heure est grave», a lancé jeudi le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) devant le Conseil de sécurité de l’ONU, réclamant l’accès à la centrale nucléaire de Zaporijjia que Moscou et Kiev s’accusent mutuellement d’avoir bombardée.
«L’heure est grave et l’AIEA doit être autorisée à mener sa mission à Zaporijjia aussi vite que possible», a déclaré Rafael Grossi, intervenant en vidéo lors de cette réunion d’urgence du Conseil de sécurité. «Le temps presse», a-t-il insisté, alors que l’AIEA tente depuis des semaines d’envoyer une mission pour inspecter la centrale.
Le site de la centrale de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, sous contrôle russe depuis début mars, a de nouveau été bombardé jeudi, Kiev et Moscou s’accusant à nouveau mutuellement d’en être responsables.
Washington et Moscou s’écharpent
Les alliés de l’Ukraine, soulignant la nécessité de la mission de l’AIEA, ont pointé du doigt, devant le Conseil de sécurité, la responsabilité russe. «La solution pour ce qui se passe à Zaporijjia est simple. Les États-Unis appellent la Fédération de Russie à retirer immédiatement ses forces du territoire ukrainien», a déclaré Bonnie Jenkins, sous-secrétaire d’Etat américaine au désarmement.
Sans surprise, l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia a lui rejeté la responsabilité sur Kiev et ses alliés. «Nous appelons les Etats soutenant le régime de Kiev à le forcer à mettre un terme une fois pour toutes aux attaques contre la centrale de Zaporijjia», et l’ONU et l’AIEA à dire aux autorités ukrainiennes que leurs actions sont «inacceptables», a-t-il déclaré.
«La véritable échelle d’une catastrophe nucléaire à la centrale est difficile à imaginer. L’entière responsabilité en reviendrait aux soutiens occidentaux de Kiev», a insisté l’ambassadeur russe, qualifiant de «surréalistes», «cyniques et absurdes» les accusations contre Moscou.
«Cela pourrait conduire à une catastrophe»
Alors que la Russie a accusé les services de l’ONU d’avoir empêché la mission de l’AIEA, le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres a de nouveau rejeté cette idée jeudi.
«Il s’agit d’une centrale nucléaire au milieu d’un champ de bataille. Je pense qu’on peut imaginer au moins deux ou trois pages d’obstacles», a noté Stéphane Dujarric.
Pour garantir la sécurité du site et permettre une mission d’inspection, Antonio Guterres et les États-Unis ont appelé jeudi à la mise en place d’une zone démilitarisée autour de la centrale.
«Malheureusement, au lieu d’une désescalade, des incidents encore plus inquiétants ont été rapportés ces derniers jours, incidents qui, s’ils se poursuivent, pourraient conduire à une catastrophe», a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué.