Omicron envoie davantage d’enfants à l’hôpital aux États-Unis, sans être plus grave
Les hospitalisations d’enfants malades du Covid-19 aux États-Unis ont atteint un plus haut depuis le début de la pandémie, au moment où le pays est confronté à une impressionnante flambée de cas due au variant Omicron.
Les experts alertent sur l’importance de vacciner les enfants, et pointent du doigt en premier lieu la contagiosité très élevée de ce variant comme responsable de la hausse des hospitalisations pédiatriques.
Le constat: hausse record des hospitalisations
En une semaine, à la toute fin décembre, 378 nouvelles hospitalisations ont été recensées en moyenne dans le pays chez les moins de 18 ans, soit une augmentation de 66% par rapport à la semaine précédente, selon les chiffres des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
Il s’agit d’un record, dépassant le précédent pic observé en septembre, durant la vague liée à Delta. Le seul autre groupe d’âge pour lequel les hospitalisations ont atteint un nouveau record est celui des 18-29 ans.
La proportion de cas graves chez les mineurs reste toutefois bien moins élevée que pour les autres tranches d’âge.
Concernant le nombre de cas, environ 200.000 enfants ont été déclarés malades du Covid-19 la semaine se terminant le 23 décembre, selon les chiffres de l’American Academy of Pediatrics -- une augmentation de 50% par rapport au nombre de cas hebdomadaires recensés au début du mois.
«Nous voyons des nombres record de cas d’enfants diagnostiqués positifs au Covid-19 durant cette vague d’Omicron», a confirmé à l’AFP Jim Versalovic, de l’hôpital pour enfants du Texas à Houston, le plus grand du pays. Quelque 50 enfants y sont actuellement hospitalisés, un nombre ayant plus que quadruplé depuis la semaine dernière, a-t-il précisé.
A New York également, les autorités sanitaires ont déclaré cette semaine surveiller «de près une tendance à la hausse des hospitalisations pédiatriques».
Les raisons: davantage de cas et des enfants moins vaccinés
L’explication est, au moins en partie, mécaniquement liée à la poussée générale de l’épidémie dans le pays.
«Davantage d’enfants sont infectés par ce virus hautement transmissible, et avec cela, il y aura naturellement davantage d’hospitalisations d’enfants», a déclaré mercredi lors d’un point presse le Dr Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche sur la crise sanitaire.
M. Fauci a également prévenu qu’il fallait différencier les enfants se trouvant à l’hôpital «avec» le Covid-19, de ceux «à cause» du Covid-19. Autrement dit, notamment en période hivernale, certains peuvent se rendre à l’hôpital à cause d’autres virus en circulation, et être diagnostiqués positifs au Covid-19 au passage.
Autre facteur important: les taux de vaccination bien plus bas chez les plus jeunes. Fin décembre, moins de 15% des 5-11 ans et seulement un peu plus de 50% des 12-17 ans étaient entièrement vaccinés.
Or les vaccins sont très efficaces pour protéger des cas graves de la maladie.
«Nos adolescents hospitalisés sont quasiment exclusivement non vaccinés», a souligné Jim Versalovic. De même pour les enfants de 5 à 11 ans, qui ne sont éligibles que depuis début novembre, soit seulement deux mois. Les moins de 5 ans, eux, ne sont pas éligibles du tout pour le moment.
Omicron est-il plus grave que Delta chez les enfants?
Comme lors de la vague liée au variant Delta, la hausse des hospitalisations pédiatriques a suscité la crainte qu’une transformation du virus l’ait rendu capable de déclencher chez eux des cas plus graves de la maladie que les variants précédents.
Mais «à partir de ce que nous pouvons voir aujourd’hui, Omicron ne cause pas d’infections plus sévères», a déclaré Jim Versalovic, allant même plus loin: «On dirait que nous avons affaire à une plus grande proportion de cas modérés».
C’est actuellement l’hypothèse dominante pour les adultes aussi, mais davantage de recul sera nécessaire pour l’affirmer avec certitude.
«La conclusion finale sur le niveau de gravité (d’Omicron) chez les enfants reste à déterminer», a jugé Anthony Fauci.
De plus, «même si un petit pourcentage d’enfants développe un cas grave, un petit pourcentage d’un grand nombre donne un grand nombre», a dit à l’AFP le pédiatre Henry Bernstein. Et c’est «une réelle inquiétude», a-t-il ajouté.
Des cas modérés de la maladie peuvent en outre déboucher sur des cas de Covid long, dont on connaît encore mal les conséquences, ou sur des cas graves de syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (MIS-C), qui ne se déclenchent que plusieurs semaines après l’infection.
Il faudra ainsi attendre au moins le mois de janvier pour constater si Omicron, comme Delta, provoque également ces effets de long terme, et dans quelle proportion.