Pourquoi les phénomènes météorologiques extrêmes amplifient les violences faites aux femmes?
Selon une nouvelle étude, les événements climatiques extrêmes comme les canicules, les tempêtes et les inondations ont tendance à amplifier violences faites aux filles, aux femmes mais aussi aux personnes issues de la communauté LGBTQIA+. Décryptage.
Comment expliquer que des ouragans ou des incendies de forêt contribuent à augmenter les violences sexistes et homophobes? Selon des chercheurs de l’université de Cambridge qui ont réalisé une étude parue dans la revue The Lancet Planetary Health, ces facteurs sont liés au choc économique, à l’instabilité sociale et à d’autres facteurs favorisant le stress des populations.
Ils créent «des environnements qui permettent ce type de comportement»
«Les événements extrêmes ne sont pas eux-mêmes à l’origine de la violence sexiste, mais ils exacerbent plutôt les moteurs de la violence ou créent des environnements qui permettent ce type de comportement», explique Kim van Daalen, chercheuse au département de santé publique et de soins primaires de l’université de Cambridge (Angleterre). Les événements extrêmes peuvent à la fois accroître les nouvelles violences et augmenter les signalements, démasquant ainsi les violences existantes, précise l’étude.
Une quarantaine d’études passées en revue
La recherche est une méta-analyse qui a passé en revue une quarantaine d’études portant sur plusieurs types d’événements extrêmes, tels que les tempêtes, les inondations, les sécheresses, les vagues de chaleur et les incendies de forêt, ainsi que sur la violence fondée sur le genre, comme le harcèlement sexuel, la violence physique, les mariages forcés.
L’exemple de l’ouragan Katrina
Parmi les exemples concrets, celui de l’ouragan Katrina survenu en 2005 qui a entraîné une amplification des violences faites aux femmes, en particulier des violences conjugales. Cette catastrophe climatique a également eu des répercussions homophobes. Accusée d’être responsable de l’ouragan (que certains appelaient la «punition des dieux»), la communauté gay de La Nouvelle-Orléans a été victime de discrimination, en se voyant refuser l’accès aux aides décernées par l’Agence fédérale de gestion des urgences. Les personnes transgenres réfugiées dans les abris ont quant à elles subi des agressions physiques.
Des pics de mariages forcés
Les chercheurs ont également constaté qu’au Bangladesh, les pics de mariages forcés coïncidaient avec les fortes inondations survenues entre 1998 et 2004 dans ce pays d’Asie du Sud. Moins onéreux en raison de l’appauvrissement induit par ces événements climatiques, les mariages sont en effet perçus comme un moyen de réduire les coûts familiaux, souvent au détriment des jeunes filles qui se retrouvent forcées de s’unir à un homme, souvent bien avant qu’elles aient atteint la majorité.
Quelles solutions existent?
«La gestion des catastrophes doit se concentrer sur la prévention, l’atténuation et l’adaptation aux facteurs de violence sexiste. Il est essentiel que les femmes, les filles et les minorités sexuelles et de genre touchées y prennent part et que cette gestion tienne compte des cultures sexuelles et de genre locales ainsi que des normes, traditions et attitudes sociales locales», martèle Kim van Daalen.
Restreindre l’accès aux abris et aux services de secours uniquement aux femmes et aux minorités sexuelles et de genre, informer les jeunes filles sur les droits, former des équipes d’intervention d’urgence spécifiquement formées à la prévention de la violence sexiste. Voici quelques exemples de mesures spécifiques citées dans l’étude à mettre en place, inspirées des actions de nombreuses ONG qui œuvrent sur le terrain partout à travers le monde pour prévenir ces fléaux.