Procès des attentats à Bruxelles: pourquoi Smail Farisi est totalement blanchi ?

Cette nuit, les verdicts sont enfin tombés. Parmi les accusés du procès des attentats de Bruxelles, Smail Farisi. Un Anderlechtois qui a été totalement blanchi.

par
Belga
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De quoi est-il accusé?

Smail Farisi était jugé pour trois chefs d’accusation : les 35 assassinats et centaines de tentatives d’assassinat terroristes ainsi que de savoir s’il était membre de la cellule djihadiste qui a ensanglanté la capitale. Les 12 jurésont donc acquitté l’Anderlechtois de ces trois chefs d’accusation, le blanchissant sur toute la ligne.

Quelle était sa défense?

- C’est un succès pour une défense quelque peu perturbée par le décès inopiné, en plein procès, de son avocat principal, Me Sébastien Courtoy. Me Michel Degrève, qui avait repris ce rôle, et ses co-plaideurs Fabian Lauvaux et Cassandra Steegmans avaient rappelé en plaidoirie que leur client avait déjà été acquitté pour des faits similaires au procès correctionnel dans l’enquête belge sur les attentats à Paris, et que seule la période infractionnelle différait entre les deux dossiers.

- Les trois avocats avaient également souligné la capacité des frères El Bakraoui à dissimuler leurs intentions et en avaient déduit que Smail Farisi, qualifié de naïf par plusieurs experts, n’aurait pas forcément pu faire le lien entre les deux futurs kamikazes et la mouvance terroriste.

- Enfin, les pénalistes avaient mis en avant la pleine collaboration de leur client avec la police, à laquelle il s’est rendu de lui-même.

Le parquet, qui poursuivait initialement Smail Farisi pour les trois chefs d’accusation, avait finalement demandé lui-même l’acquittement de l’accusé pour ce qui concerne les assassinats et tentatives d’assassinat.

Comment a-t-il aidé les terroristes?

Le ministère public avait par contre estimé que l’homme de 38 ans était forcément au courant de la radicalisation des frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, à qui il avait prêté son appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek. Les procureurs avaient ainsi souligné les fréquentes visites de Smail Farisi aux deux hommes, qui se feront exploser le 22 mars à Zaventem et à Maelbeek. Selon l’accusation, le comportement des futurs kamikazes avait forcément dû mettre la puce à l’oreille de l’accusé.

Qu’en ont pensé les jurés?

Les jurés ont finalement suivi la thèse de la défense. Ils ont estimé que les aides de Smail Farisi aux occupants de son studio «ne sont pas suffisantes pour fonder sa culpabilité» ni pour assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste ni pour participation aux activités d’un groupe terroriste. Selon eux, la preuve qu’il avait la volonté de s’associer aux projets terroristes n’est pas rapportée. De plus, «aucun objet dans l’appartement n’aurait pu alerter Smail Farisi», car il n’y avait «pas de drapeau ni d’arme» dans la planque de l’avenue des Casernes et que l’endroit n’a pas été le théâtre «de fabrication de TATP», ont-ils mis en exergue.

Les jurés ont aussi rappelé que Smail Farisi «a toujours été constant dans ses déclarations, affirmant qu’il n’était pas au courant des projets» d’attentat. Ils ont ajouté que «ces dénégations sont également rapportées par sa compagne de l’époque».

Les jurés retiennent encore que Smail Farisi «ne connaissait aucun protagoniste de ce dossier, mis à part Ibrahim El Bakraoui, avec qui il était à l’école».

Qui est Smail Farisi?

Comparaissant libre lors de son procès, Smail Farisi à assisté aux audiences en dilettante. Parfois assis à sa place toute la journée durant, souvent la tête entre les mains, il lui arrivait aussi fréquemment d’aller et venir dans la salle d’audience. Ou de ne simplement pas se montrer de la journée. Plus discret que son frère, Smail Fairisi a tout de même inopinément pris la parole à plusieurs reprises pour exprimer son mécontentement ou son mal-être. Il avait notamment affirmé devoir boire de l’alcool dès le petit matin pour se donner le courage de venir à l’audience.

Décrit comme naïf, voire légèrement «débile», Smail Farisi s’était également révélé poète et fleur bleue devant la cour. Plusieurs fois, il avait par ailleurs assuré être bisexuel ou homosexuel, sous-entendant par là qu’il ne pouvait pas adhérer à l’islam radical prôné par Ibrahim El Bakraoui. L’une de ces interventions lui avait d’ailleurs valu d’être évacué de la salle d’audience par la police, car il perturbait les débats.