Salah Abdeslam présente ses «excuses à toutes les victimes» et demande «de le détester avec modération»
Lors du procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam a présenté ses «excuses à toutes les victimes».
Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, a présenté vendredi ses «excuses» aux victimes et versé quelques larmes à la fin de son dernier interrogatoire au procès des attentats du 13-Novembre.
«Je vous demande de me pardonner»
«Je veux présenter mes condoléances et mes excuses à toutes les victimes», a déclaré depuis le box le Français de 32 ans, des larmes sur les joues. «Je sais que la haine subsiste (…) je vous demande aujourd’hui de me détester avec modération». «Je vous demande de me pardonner», a-t-il insisté.
L’ultime interrogatoire de Salah Abdeslam avait débuté mercredi en début de soirée devant la cour d’assises spéciale de Paris et s’était poursuivi jeudi. Il s’est achevé vendredi après-midi avec les questions de sa défense.
Le principal accusé a maintenu tout au long de ces trois jours qu’il devait se faire exploser dans un bar du XVIIIe arrondissement de Paris, mais avait «renoncé» sur place, à la vue de ces jeunes qui lui ressemblaient et s’amusaient.
«Est-ce que vous regrettez de ne pas avoir eu le ’courage’ d’aller jusqu’au bout?», lui demande l’une de ses avocats, Me Olivia Ronen. «Je ne regrette pas, je n’ai pas tué ces personnes et je ne suis pas mort», répond-il, «je me dis… s’ils savaient à côté de quoi ils sont passés».
Un message aux autres accusés
C’est en évoquant la souffrance de sa mère qu’il se met à pleurer.
«Je voudrais dire aujourd’hui que cette histoire du 13-Novembre s’est écrite avec le sang des victimes. C’est leur histoire, et moi j’en ai fait partie. Ils sont liés à moi et je suis lié à eux», continue Salah Abdeslam, la voix tremblante, avant de présenter ses excuses.
Il demande aussi aux trois accusés jugés pour l’avoir aidé dans sa fuite, après les attentats, de le «pardonner». «J’ai pas voulu (les) entraîner là-dedans». L’un d’eux, qui comparaît libre, quittera ensuite la salle les yeux remplis de larmes.
«Je sais que ce ça ne va pas vous guérir», conclut Salah Abdeslam, collier de barbe noire, sweatshirt gris sur le dos. «Mais si ça peut vous faire du bien, si j’ai pu faire du bien à une seule des victimes, alors pour moi c’est une victoire».
«C’est tout ce que j’ai à dire», lance-t-il ensuite à son avocate. Le président Jean-Louis Périès suspend l’audience. Dans la salle, pas de réaction sur les bancs clairsemés.
«C’est une surprise»
«C’est une surprise», réagit à l’extérieur Georges Salines, dont la fille a été tuée dans la salle de concerts du Bataclan à Paris et qui semble secoué. Le pardon, «c’est important qu’il le demande… nous allons y réfléchir». «Je pense qu’il était sincère», estime de son côté Cédric, un rescapé des attaques, qui souligne cependant le caractère «paradoxal» de Salah Abdeslam, un jihadiste «pas fini» qui semble regretter ce qu’il a fait tout en étant incapable de condamner les actions du reste du commando ou du groupe État islamique (EI). «Chacun a sa vision de ce témoignage et son analyse de ces larmes. Ni mes clients ni moi-même n’avons été émus par cet exercice de style», lâche de son côté Me Gérard Chemla, avocat d’une centaine de victimes.
Dans ce «discours construit et policé», il «a pleuré sur lui et ses amis, pas sur les victimes», ajoute-t-il. Au tout début de la journée, une avocate des parties civiles avait rappelé à Salah Abdeslam qu’il s’était plaint de «l’image erronée» donnée de lui. Alors, «comment voudriez-vous qu’on se souvienne de vous?» «Je veux qu’on ne se souvienne pas de moi», avait répondu Salah Abdeslam. «Je veux être oublié à jamais, je n’ai pas choisi d’être celui que je suis aujourd’hui».