Sommet européen: Charles Michel mise sur un accord politique pour un embargo partiel sur le pétrole russe
Le sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, qui doit s’ouvrir à 16h00 ce lundi à Bruxelles, vise un accord politique sur un embargo qui couvrirait «plus de deux tiers» des importations de pétrole russe, a-t-on appris à la mi-journée de source officielle européenne. Mais le Premier ministre hongrois Viktor Orban réclame toujours de fortes garanties d’approvisionnement.
Comme évoqué ce matin encore entre ambassadeurs des Vingt-sept, cet embargo progressif sur le pétrole – l’élément le plus sensible du 6e paquet de sanctions contre la Russie pour son agression militaire contre l’Ukraine – porterait essentiellement sur le pétrole importé par bateau, d’ici la fin de l’année.
Plusieurs États membres n’ayant pas d’accès à la mer, en premier lieu la Hongrie, mais aussi la Tchéquie ou la Slovaquie, dépendent presque entièrement du pétrole russe acheminé par l’oléoduc Droujba, et décrocheraient une exemption pour ce pipeline. D’autres pays, prêts à les aider, n’en redoutent pas moins des déséquilibres de marché. Il faudrait alors veiller à les résoudre via «compensation» et «rééquilibrage», a averti lundi matin le Premier ministre belge Alexander De Croo.
Une moitié de l’Europe concernée
C’est que le pipeline Droujba se sépare en plusieurs branches et alimente aussi l’Allemagne et la Pologne (branche nord). «On dit que l’on veut un boycott sur le pétrole que l’on peut supporter, mais on ne peut pas non plus faire un boycott qui en réalité ne concerne que la moitié de l’Europe», selon Alexander De Croo.
À bonne source, on indiquait en milieu de journée que la Pologne et l’Allemagne auraient fourni des garanties selon lesquelles elles couperaient aussi toute importation de pétrole russe par l’oléoduc Droujba d’ici la fin de l’année.
Quoi qu’il en soit, un accord politique sur plus de deux tiers du pétrole russe importé constituerait déjà «un résultat remarquable pour l’Union européenne», soutenait cette source, assurant que l’UE était «totalement unie et engagée à accroître la pression sur la Russie». Les exceptions temporaires accordées pour assurer la sécurité d’approvisionnement de certains États membres devront encore être affinées au plus vite au sein du Conseil des ministres de l’UE, poursuivait cette source.
«Pas d’accord»
Mais à son arrivée au sommet, le dirigeant hongrois Viktor Orban a éreinté l’ébauche d’accord. «Il n’y a pas d’accord actuellement. Nous sommes prêts à soutenir le 6e paquet de sanctions s’il y a une solution pour la sécurité d’approvisionnement énergétique de la Hongrie. Ce n’est pas le cas».
À ses yeux, placer l’oléoduc Droujba hors embargo est la bonne approche, mais «il faut des garanties qu’en cas d’accident de ce pipeline russe à travers l’Ukraine, nous ayons le droit d’avoir des livraisons russes d’autres sources».
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait indiqué quelques minutes plus tôt que la probabilité d’arriver à une solution complète dans les prochaines 48h était «faible», selon elle, mais elle s’est dite confiante quant à la possibilité d’y parvenir ensuite. «On n’y est pas encore mais cela a mûri, certainement».
Le sixième paquet de sanctions en discussion inclut aussi d’autres mesures, comme l’exclusion de banques russes supplémentaires – dont la principale institution financière du pays, la Sberbank – de Swift, important système de messagerie interbancaire, le blocage dans l’UE de trois radiodiffuseurs d’État russes, ou encore l’ajout à la liste européenne des sanctions individuelles de responsables accusés de crimes de guerre en Ukraine.