Souffrez-vous de natalophobie, la peur de fêter Noël?
Tous les ans à partir du mois de décembre, les cabinets de psy voient leur nombre de patients augmenter. La raison? Une angoisse à l’idée de célébrer les fêtes de fin d’année. Un phénomène tout à fait sérieux qui porte même un nom: la natalophobie.
Si bon nombre d’entre nous se délectent à l’idée de déguster la bûche, d’ouvrir ses cadeaux ou de passer de bons moments en famille, d’autres ressentent en revanche un réel mal-être à l’approche de cette fête. Ce phénomène porte même un nom: la natalophobie. Autrement dit, une aversion prononcée à l’idée de fêter Noël et/ou le Nouvel an. Un malaise qui peut se manifester par une palette de symptômes allant de l’irritabilité au stress, jusqu’à la crise d’angoisse.
Les causes qui déclenchent la natalophobie sont nombreuses: dépression saisonnière, conflits familiaux, deuil, difficultés financières. Sans oublier la pression sociale subie par l’oncle Richard que vous côtoyez une fois l’an, mais qui vous débite inlassablement: «Alors, toujours célibataire?».
«Ceux et celles qui ont fait le choix de rester célibataire ou de ne pas avoir d’enfant peuvent ressentir une angoisse à l’idée de subir les jugements, de ne pas être dans le moule familial. Devoir réexpliquer chaque année qu’il s’agit d’un choix de vie peut s’avérer éprouvant et peut nécessiter quelques séances psy pour se préparer», explique Fanny Jacq, psychiatre et directrice santé mentale de la plateforme de téléconsultation Qare.
Prise de conscience d’un certain isolement
À cela, peuvent s’ajouter la fatigue de traverser tout le pays pour un rendez-vous familial épuisant ou encore la pression de trouver le cadeau idéal pour chaque membre de la famille. Certaines personnes peuvent également ressentir une tristesse importante à l’approche des fêtes, par exemple si elles vivent loin de leurs proches et ne peuvent pas partager ce moment avec eux. «Cette période de l’année exacerbe leur tristesse, car elles prennent conscience de cet isolement», explique la Dre Jacq.
La natalaphobie est telle qu’elle se ressent en effet jusque dans le cabinet du psy. «Au fil des ans, j’identifie des patients qui ont pris l’habitude de me consulter fin novembre-début décembre. Je ne les vois en général pas le reste de l’année. À cette période, le nombre de téléconsultations est généralement divisé par deux», constate la Dre Jacq.
Prendre du recul
Une injonction sociale forte à faire la fête (qui s’applique aussi probablement au Nouvel An) quand certains rêveraient peut-être tout simplement de s’enfermer à double tour chez soi en solo, avec sa moitié ou avec son chat devant un bon navet à la télé. Et si on avait enfin le droit de dire haut et fort qu’on a prévu de ne rien faire, sans que cela suscite l’incompréhension, la rancœur ou la pitié autour de nous?
Ce n’est d’ailleurs ni plus ni moins ce que préconise Fanny Jacq: «J’aide mes patients à prendre du recul. En général, je leur conseille de trouver un compromis sans culpabiliser. Essayer de faire un peu plaisir aux autres, mais toujours en s’écoutant et surtout ne rien s’imposer. Par exemple en annonçant qu’on vient seulement pour le dessert. Et si fêter Noël en famille semble vraiment insurmontable, je conseille carrément de ne pas y aller. Je dis aussi à mes patients qui sont seuls de ne pas hésiter à demander à un ami ou une autre personne de passer le réveillon en sa compagnie. Il s’agit dans toutes ces situations de travailler sur l’affirmation de soi, de s’écouter pour parvenir à assumer son choix.»