Un comité américain se penche sur des problèmes cardiaques chez des jeunes vaccinés
Des experts américains doivent se réunir mercredi aux Etats-Unis pour examiner quelque 300 cas d’inflammations au niveau du coeur déclenchées après l’injection de certains vaccins contre la Covid-19, notamment chez des adolescents ou de jeunes adultes.
Ces cas ont été observés après les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna, qui ont en commun de reposer sur la technologie de l’ARN messager.
Les experts indépendants sont convoqués par les Centres américains de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays, pour passer en revue ces cas de myocardites et de péricardites, respectivement une inflammation du muscle cardiaque ou de la membrane qui entoure le coeur. «Ces cas sont rares, et la vaste majorité (d’entre eux) ont été résolus grâce à du repos et des soins», avait rassuré jeudi Rochelle Walensky, la directrice des CDC.
Cette réunion du Comité consultatif sur les vaccinations (ACIP) des CDC devait initialement se tenir vendredi dernier, mais avait dû être repoussée du fait de la proclamation éclair d’un jour férié aux Etats-Unis. «Les CDC présenteront le détail de plus de 300 cas confirmés de myocardites et péricardites communiqués aux CDC et à la FDA (l’Agence américaine des médicaments, NDLR), parmi les plus de 20 millions d’adolescents et de jeunes adultes vaccinés aux Etats-Unis», avait expliqué Mme Walensky.
«Ces derniers mois, nous avons demandé aux praticiens d’être à l’affût et de signaler les cas de patients avec des symptômes de myocardite et de péricardite suivant la vaccination», avait-t-elle ajouté.
«Un possible lien»
Les CDC «ont obtenu les rapports médicaux détaillés pour confirmer les diagnostics (...) afin d’assurer en temps réel que nos vaccins soient sûrs», avait-elle enfin assuré, en disant attendre «avec impatience cette importante discussion».
De tels cas ont d’abord été signalés en Israël, où la vaccination a été plus rapide que dans la majorité des pays. Le ministère de la Santé israélien a soulevé fin mai «un possible lien» entre le vaccin Pfizer et des cas de myocardite chez de jeunes hommes, tout en précisant que 95% étaient bénins. Quelques cas ont également été détectés en France.
Aux Etats-Unis, lors d’une réunion d’un comité de l’Agence des médicaments il y a deux semaines, les informations d’un système public permettant à tout un chacun de signaler des symptômes graves après une vaccination ont été analysées. Selon ces données non confirmées, quelque 530 cas de myocardites ou péricardites ont été rentrés après l’administration d’une seconde dose de vaccin de Pfizer ou Moderna. Plus de la moitié était des personnes entre 12 et 24 ans, en majorité des hommes. Le symptôme le plus couramment signalé était une douleur à la poitrine.
«Les cas rapportés excèdent le nombre de cas attendu» en temps normal, a déclaré lors de cette présentation le Dr Tom Shimabukuro, responsable des CDC, mais ces données demandent à être vérifiées.
Des cas «relativement légers»
«Je suis inquiet, mais je soulignerais qu’un lien de cause à effet n’a pas encore été établi», a déclaré à l’AFP Lorry Rubin, directeur du département d’infectiologie pédiatrique au Cohen Children’s Medical Center, à New York. «Dans notre hôpital, nous avons vu des cas de garçons adolescents se présentant avec une douleur à la poitrine un jour ou deux après leur seconde dose de vaccin à ARN messager», a-t-il témoigné. Mais ces cas étaient «relativement légers», et la plupart ont été soignés grâce à des anti-inflammatoires.
Et même si le lien entre vaccination et myocardite est avéré, les bénéfices de ces vaccins pourraient toujours l’emporter sur les risques encourus, estime-t-il.
Bien que les adolescents et jeunes adultes aient moins de risque de développer des cas graves de Covid-19, plus de 2.600 personnes entre 0 et 29 ans en sont mortes aux Etats-Unis, selon les données des autorités sanitaires.
Certains enfants ont par ailleurs «été assez malades» et subissent «des effets à long terme» à cause de la maladie, a ajouté auprès de l’AFP Lee Savio Beers, présidente de l’American Academy of Pediatrics. «Vous pouvez aussi avoir des problèmes cardiaques assez sérieux résultant d’une infection au Covid-19», a-t-elle ajouté. «Je conseille clairement toujours le vaccin pour les adolescents», a déclaré la spécialiste, en ne disant pas s’attendre à un changement dans les recommandations d’utilisation des vaccins.
Aux Etats-Unis, le vaccin de Pfizer est autorisé dès 12 ans, et celui de Moderna à partir de 18 ans pour le moment.