Un vétéran américain qui forme les soldats ukrainiens explique comment ils parviennent à repousser l’offensive russe
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février, de nombreux pays fournissent de l’aide militaire, médicale, humanitaire et économique à l’Ukraine. Parmi l’assistance venue de l’étranger, plusieurs experts et vétérans qui se rendent sur place pour entraîner les soldats ukrainiens. Andy Milburn est l’un d’entre eux.
Après avoir servi pendant 31 ans dans le Corps des Marines des États-Unis, Andy Milburn dirige désormais le groupe Mozart: des vétérans des forces spéciales présents sur le terrain en Ukraine. Ceux-ci assurent deux missions: protéger les civils vulnérables et entraîner les troupes de Kiev. Ils ne s’impliquent donc pas directement dans les combats.
Dans un interview accordé à Business Insider, Andy Milburn a levé le voile sur les activités qu’il mène sur place.
En arrivant sur place, l’Américain a vite réalisé que, si de nombreux soldats étaient déjà entraînés, beaucoup avaient encore «besoin de compétences de base, comme le maniement des armes, l’adresse au tir ou les déplacements en brigade». Ou encore, besoin d’une formation médicale de base. «C’était un peu du ‘venez comme êtes’. La Force de Défense Territoriale, et même les opérations spéciales précipitaient leurs effectifs au combat avec peu ou pas d’entraînement», note Andy Milburn. Sans compter que de nouveaux soldats viennent très fréquemment renforcer les rangs. Et qu’ils ont tout à apprendre.
Une fois ces compétences de base acquises, et quand ils disposent de plus de temps, Milburn et son groupe leur enseignent également l’utilisation des drones et des missiles antichars.
Après trois décennies sur le terrain, Andy Milbrun pose un regard expérimenté sur l’évolution du conflit. Selon lui, plusieurs éléments ont permis aux Ukrainiens de repousser l’offensive russe. «Le moral et la détermination ont été des éléments clés du succès, mais le terrain a aussi été un facteur important», analyse-t-il pour Insider. «Dans le nord et dans les zones urbaines, la propension des Russes à rester sur les routes a joué contre eux. En dehors des villes du nord, le sol est soit densément boisé, soit marécageux. Cela a permis aux défenseurs de s’infiltrer facilement à travers les lignes russes et de frapper les colonnes blindées depuis le flanc.»
Face aux Ukrainiens, on trouve des unités russes «particulièrement peu impressionnantes», enchaîne Andy Milbrun. «Presque sans exception, ils sont mal formés, indisciplinés et manquent de cohésion. Leurs tactiques appartiennent à une époque révolue et leur équipement est également médiocre», tranche l’ancien Marine.
Des combats intenses
Malgré ses 30 années d’expérience, ce qu’observe Andy Milbrun en Ukraine reste relativement inédit. «Charge une arme anti-char sur son épaule face à une colonne de T72, tout en sachant que vous êtes à portée des armes ennemies… Ou patientez dans un sous-sol d’une maison à moitié démolie, alors que l’artillerie russe martèle le sol au-dessus de votre tête, à attendre qu’un soldat russe descende pour que vous puissiez le tuer… Ce sont des expériences que peu d’entre nous en Occident ont vécues», confie-t-il. «Peu de militaires américains ont connu l’intensité des combats que vivent aujourd’hui nos homologues ukrainiens.»