Une rentrée masquée? En Floride, des milliers d’enfants infectés par le variant Delta: «les parents doivent choisir entre la santé de leur enfant et l’école»
De plus en plus d’enfants américains se retrouvent pris dans la vague d’infections au Covid-19 causée par le variant Delta aux États-Unis, provoquant l’inquiétude des parents et alimentant la controverse politique juste avant la réouverture des écoles.
La flambée actuelle de l’épidémie est notamment concentrée en Floride, où certains districts scolaires ont annoncé vouloir défier l’ordre du gouverneur leur interdisant d’imposer le port du masque.
«Les parents se retrouvent dans une situation impossible, à devoir choisir entre la santé, la vie de leur enfant et leur retour à l’école», ont protesté des parents d’enfants handicapés dans une plainte déposée vendredi contre la décision du gouverneur.
La majorité des enfants infectés auront des symptômes légers voire pas de symptômes du tout et, jusqu’à présent, cette population n’était pas au cœur des préoccupations. Mais avec Delta, un variant très contagieux, les choses changent. Celui-ci est largement à l’origine des 72.000 cas enregistrés chez les enfants et adolescents en une semaine fin juillet, selon une étude de l’Académie américaine de pédiatrie, un chiffre cinq fois plus élevé que fin juin.
Près de 20.000 cas se trouvaient en Floride, selon les données de l’État, qui comptabilise également le plus haut nombre d’hospitalisations de mineurs dans le pays, soit 143 à l’heure actuelle. «Nous avons sans aucun doute vu une hausse des cas ici, aux urgences et également dans les autres services de l’hôpital, ces deux ou trois dernières semaines», a confirmé le docteur Marcos Mestre, directeur médical dans un hôpital pour enfants de Miami.
Seulement environ 1% des enfants diagnostiqués positifs au Covid-19 seront hospitalisés, selon lui, avec des complications plus probables pour les enfants diabétiques ou en surpoids.
Si des études ont confirmé que Delta était le variant le plus contagieux à l’heure actuelle, il n’est pas encore sûr qu’il provoque des formes plus graves de la maladie.
Des données préliminaires montrent que cela pourrait être le cas chez les adultes comme chez les enfants mais les recherches doivent se poursuivre pour en avoir le cœur net, selon Rochelle Walensky, directrice des Centres de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays.
Une chose est claire: les régions du nord-est des États-Unis, où les taux de vaccination sont très élevés, observent les niveaux les plus bas d’infections chez les plus jeunes. En d’autres termes, les enfants sont le moins à l’abri dans les endroits où les adultes sont les moins vaccinés.
Avec un nombre de cas ayant dépassé ceux enregistrés lors de la flambée de l’été il y a un an, les CDC recommandent aujourd’hui aux élèves, enseignants et personnels des écoles de garder leur masque, qu’ils soient vaccinés ou non.
Mais le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis menace de couper les fonds aux écoles souhaitant suivre ces recommandations en réimposant l’obligation du port du masque. Plusieurs districts scolaires, dont le deuxième plus grand de Floride, ont annoncé qu’ils défieraient l’ordre du gouverneur.
La bataille politique est remontée jusqu’à la Maison Blanche, le président Joe Biden ayant sollicité cette semaine les dirigeants locaux récalcitrants: «Si vous ne nous aidez pas, au moins ne vous mettez pas en travers de notre chemin». La réponse ne s’est pas faite attendre: «Si vous vous en prenez aux droits des parents de Floride, je me trouverai sur votre chemin», a rétorqué Ron DeSantis.
Selon le Dr Mobeen Rathore, spécialiste en maladies infectieuses chez les enfants à Jacksonville, minimiser les risques chez les plus jeunes était une erreur. Les enfants «tombent malades, sont hospitalisés» et certains meurent du Covid-19, a souligné le médecin, qui soutient le port du masque obligatoire à l’école.
Comme les adultes, les enfants devront à terme être vaccinés, dit-il. Le vaccin de Pfizer/BioNTech est autorisé depuis mai dès 12 ans aux États-Unis mais des essais cliniques sont toujours en cours pour les enfants plus jeunes.
Dans un centre de vaccination à Miami, Sara Medina, 33 ans, a confié être soulagée que le vaccin ouvre la voie au retour en classe de son fils de 12 ans, Jayden.
Les pédiatres plaident largement pour que les enfants puissent de nouveau se rendre à l’école en personne, ce qui bénéficie à leur santé mentale, leur apprentissage académique mais aussi social. «C’est important d’avoir (le masque) juste au cas où», dit Jayden. «Pour que nous soyons tous en sécurité.»