Variole du singe et Covid-19: quels sont les points communs entre ces deux virus?
Ce lundi, le centre européen de contrôle des maladies (ECDC) faisait état de 85 cas de varioles du singe à travers huit pays de l’UE, dont la Belgique (quatre cas). Au total, «moins de 200 cas confirmés et suspectés» ont été identifiés dans des pays non endémiques où sa présence est inhabituelle (Europe, Canada, Australie et États-Unis).
Faut-il se méfier de la variole du singe comme du coronavirus? Pour l’heure, les experts s’accordent pour dire il n’y a pas de raison de craindre une nouvelle pandémie comme celle de la Covid-19.
Des situations bien différentes
S’il existe des similitudes entre les deux virus, on note surtout de nombreuses différences. À commencer par la connaissance que les experts ont de la variole du singe. En effet, si le Sars-Cov-2 apparu à Wuhan était totalement inconnu des scientifiques, la variole du singe est étudiée puis près de 50 ans. Elle est présente en temps normal, considérée comme «endémique», dans 11 pays d’Afrique.
Autre divergence majeure: la capacité de transmission. Alors que le Sars-Cov-2 est ultra-contagieux, la transmission de la variole du singe est moins fréquente (elle nécessite un contact long et rapproché). En outre, la variole du singe se transmet généralement après l’apparition des premiers symptômes. Ces symptômes étant bien spécifiques (forte fièvre et éruption cutanée), la maladie est plus facile à détecter. Il est donc plus aisé de suivre les cas positifs, les cas contact et de prévenir la maladie grâce aux mises en quarantaine. Selon l’ECDC, le risque de propagation à toute la population en Europe est très faible.
Des flambées de cas inexpliquées
En définitive, il y a donc assez peu de points communs entre ces deux virus. À deux exceptions près: il s’agit, dans les deux cas, de zoonose, c’est-à-dire d’une maladie transmise à l’homme par un animal. Et dans les deux cas, les scientifiques ne parviennent pas (encore) à expliquer la multiplication soudaine du nombre de cas. Cette zone d’ombre apporte son lot d’interrogations parmi la communauté scientifique. Et, comme au début de la pandémie de Covid, la précaution s’impose.
Pour apporter des réponses aux questions en suspens, les chercheurs travaillent aux quatre coins de monde, notamment sur le séquençage du génome de la variole du singe. Il s’agit notamment d’étudier l’hypothèse d’une mutation du virus qui serait à l’origine de cette propagation soudaine. Mais selon une haute responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les orthopoxviroses [infections virales causées par l’orthopoxvirus, dont la variole du singe, ndlr] «ont tendance à être assez stables».
Si la multiplication récente des cas de variole en pays non endémiques reste pour l’heure inexpliquée, «c’est une situation qui peut être contrôlée, particulièrement dans les pays où nous voyons cette épidémie se produire en Europe», assure Maria Van Kerkhove, en charge de la lutte contre la Covid-19 à l’OMS mais aussi des maladies émergentes et zoonoses. «Nous sommes dans une situation où nous pouvons utiliser des outils de santé publique d’identification précoce doublée de l’isolement des cas», a-t-elle souligné, précisant qu’il n’y avait pour l’heure pas de cas grave. S’il n’existe pas de traitement, cette infection virale se guérit d’elle-même. Le risque sanitaire n’est donc absolument pas le même qu’avec le coronavirus.