L’hydrogène va-t-il devenir le nouveau carburant d’ici 10 à 15 ans?
Source d’énergie renouvelable et stockable, l’hydrogène attire projets et investissements massifs aux États-Unis. La production américaine d’hydrogène pèse déjà environ dix millions de tonnes par an, soit à peu près 10% des volumes mondiaux.
«Les États-Unis sont sortis de nulle part et maintenant, ils sont en tête», a résumé, enthousiaste, Mark Hutchinson, de Fortescue Future Industries, au sujet des énergies nouvelles en général et de l’hydrogène en particulier, lors de la conférence CERAWeek, à Houston, au Texas.
Une source d’énergie facile à stocker et à transporter
Cette source d’énergie intéresse pour sa capacité à être stockée et transportée.
«À trois dollars (de crédit d’impôt par kilo), (…) vous devenez compétitif dans plusieurs secteurs, notamment le transport routier», analyse Alan Hayes, de S&P Global.
L’hydrogène ne nécessite ainsi pas de lourdes batteries, qui limitent la charge utile des camions électriques, avec lesquels l’hydrogène est en concurrence. La pile à combustible, utilisée pour générer de l’énergie à partir de l’hydrogène, ne pèse que quelques kilos, contre plusieurs tonnes pour une batterie de semi-remorque, et le plein d’hydrogène se fait en quelques secondes seulement.
«Le nouveau carburant»
«D’ici 10 à 15 ans, l’hydrogène va devenir le nouveau carburant (…) et remplacer le gazole pour de nombreux modes de transport», avance Paul Matter, directeur général de Power to Hydrogen, qui fabrique des électrolyseurs, nécessaires à la production d’hydrogène vert.
Des développements sont en cours pour le fret ferroviaire, l’avion et le navire de marchandise.
Certains émettent néanmoins des réserves sur le tout hydrogène, comme la rédaction de la revue scientifique Nature.
Dans un éditorial publié fin 2022, elle met en garde contre son utilisation dans des configurations où l’électricité est une meilleure solution, comme le chauffage des habitations ou les véhicules de particuliers.
«Le couteau suisse» de la transition énergétique?
«Ce n’est pas une solution qui convient à toutes les situations», admet Andy Marsh, directeur général de Plug Power, présent à tous les stades du cycle de l’hydrogène (production, stockage, transformation).
Pour autant, l’hydrogène est bien, pour lui, «le couteau suisse» de la transition énergétique.
Plusieurs méga-usines ont déjà été annoncées, depuis 2021, dans les États de New York et de Californie.
«L’arrivée à maturité du secteur peut se produire dans un horizon de cinq à dix ans», prévoit Alan Hayes. Mais «il y va y avoir des différences à travers les États-Unis à cause des règles différentes» entre États.
La ministre américaine de l’Energie, Jennifer Granholm, de passage à CERAWeek, a promis de s’attaquer à la question des délais à rallonge pour l’obtention de permis. Au Texas, deux sites géants sont sur les rails, l’un baptisé Hydrogen City, à l’extrême sud de l’État, l’autre tout au nord, dont la facture est estimée à quatre milliards de dollars.
Place forte du pétrole et du gaz naturel, le Texas est ainsi en train de prendre la main sur les énergies renouvelables. «Ici», dit Alan Hayes, «les gens aiment bien vous expliquer qu’ils sont des bâtisseurs.»
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