Pourquoi ajouter des voies sur les routes ne résoudra pas les problèmes d’embouteillages
78 heures. C’est le temps que perdent, en moyenne, les automobilistes dans les embouteillages bruxellois. Sans surprise, notre capitale est la ville la plus congestionnée du pays. Au niveau européen, elle point à la trentième position dans le classement des villes les plus embouteillées. Elle est 52e au niveau mondial.
Comment une ville comme Bruxelles peut-elle régler ses problèmes de congestion? Faut-il démultiplier les voies de circulation pour obtenir des routes à six ou huit bandes, comme en Chine ou aux États-Unis? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, élargir les voiries ne serait pas le bon remède. Pire, ce serait même contre-productif.
C’est ce qu’a démontré une analyse réalisée par le New York Times, qui a étudié les plans de circulation des grandes villes aux États-Unis.
Un cercle vicieux
Le célèbre quotidien s’est notamment penché sur le cas de Los Angeles et de l’Interstate 710, une autoroute que les automobilistes évitent à tout prix en raison des problèmes (quasi) constants de circulation. Le trafic et les émissions de CO2 y sont tels que la région traversée par l’Interstate 710 est surnommée la «zone de la mort par diesel». Charmant.
Au cours des dernières années, les autorités locales ont entrepris des travaux pharaoniques pour élargir cette route stratégique de 30 kilomètres. Passés les travaux (et des bouchons encore pires qu’avant), la situation semblait, dans un premier temps, s’améliorer. La circulation devenait plus fluide. Mais le répit n’a, à chaque fois, été que de courte durée. Car constatant que les voies étaient dégagées, davantage de gens se sont mis à prendre la voiture et à emprunter cet itinéraire. Conséquence, les embouteillages reprenaient de plus belle. Les émissions polluantes atteignaient de nouveaux records. Et le trafic se retrouvait à nouveau saturé.
C’est une situation similaire que le New York Times a observée aux quatre coins du pays: à Los Angeles, en Californie, dans le New Jersey, au Texas… Même avec des routes démesurées, les problèmes de congestion ont toujours fini par revenir.
C’est d’ailleurs ce qu’a prouvé la recherche empirique : plus on construit, plus il y a de véhicules sur les routes. Autrement dit, ajouter des voies ne réglera jamais le problème des embouteillages définitivement.
C’est donc dans d’autres travaux d’infrastructures qu’il conviendrait d’investir. À Los Angeles, un projet d’élargissement de l’autoroute à 6 milliards $ vient d’ailleurs d’être abandonné par les autorités. Grâce à cette somme, des investissements vont être réalisés pour équiper les écoles à proximité de systèmes de filtration de l’air. Une partie de ce budget va en outre être consacrée à l’amélioration du réseau de transports en commun, au développement d’infrastructures pour piétons et cyclistes, et au développement d’un programme de camions «zéro émissions». Des alternatives efficaces et pourtant trop souvent négligées et sous-financées.
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