À quel point la SNCB est-elle dans le rouge?
Les cinq indexations salariales consécutives au cours de l’année 2022 et la forte augmentation des coûts de l’énergie ont fait basculer le résultat opérationnel récurrent annuel de la SNCB dans le rouge, avec une perte de 142,6 millions d’euros, signale vendredi l’entreprise ferroviaire.
Des compensations spécifiques du gouvernement fédéral ont toutefois permis d’en atténuer les impacts, la SNCB dégageant ainsi un bénéfice d’exploitation de 39,6 millions d’euros.
Les cinq indexations ont représenté un surcoût de 82,4 millions d’euros comparativement à 2021, tandis que les coûts de l’énergie ont coûté 73 millions de plus pour l’entreprise, qui est le plus grand consommateur d’électricité du pays.
La dette économique a, elle, encore diminué pour atteindre 2,275 milliards d’euros, contre 2,314 milliards fin 2021, retrouvant son niveau d’avant la crise sanitaire. Elle reste en outre sous le plafond contractuel de 2,565 milliards d’euros.
La crise de la Covid-19 toujours ressentie
Le nombre total de voyageurs en trafic intérieur l’an dernier s’est par ailleurs élevé à 227,4 millions, soit 32,4% de plus qu’en 2021, mais il reste encore sous le niveau de 2019 (253,4 millions), avant la pandémie de coronavirus.
Si les déplacements domicile-école et les voyages de loisirs ont retrouvé leur niveau d’avant la crise sanitaire, le nombre d’abonnements domicile-travail fin 2022 est, par contre, en recul de 15% par rapport à 2019, sous l’effet du télétravail. Raison pour laquelle la SNCB vient de lancer un abonnement spécifique pour répondre aux nouveaux besoins de ses voyageurs.
Des investissements réalisés
L’an dernier, la SNCB a investi 786,7 millions d’euros dans l’amélioration du service, dont plus de la moitié (437 millions) dans la rénovation du matériel roulant et les nouvelles voitures M7 à double étage. Plus de 250 d’entre elles ont été livrées parmi les 445 commandées. De plus, fin décembre, plus de 80% de la flotte était équipée du système de sécurité ETCS.
L’entreprise a également injecté 183 millions d’euros pour améliorer l’accueil en gare. Neuf gares sont notamment devenues intégralement accessibles et plus de 11.400 places de parking vélos ont été créées l’an dernier. Les investissements dans les grands chantiers se sont poursuivis (finalisation de Mons, Gand-Saint-Pierre, Malines…) et 86 millions ont été dédiés à l’amélioration de processus et la digitalisation.
La SNCB, qui comptait 16.638 collaborateurs fin décembre, a recruté 1.300 nouveaux collègues en 2022 et vise à en attirer 1.600 nouveaux cette année.
«Une étape importante»
Toutes ces réalisations constituent «une étape importante dans la préparation de l’ambitieux trajet de croissance et d’investissement défini dans le contrat de service public 2023-2032 conclu avec l’État belge à la fin du mois de décembre dernier», commente l’entreprise. Ce contrat vise entre autres à élargir l’offre de trains de 10% à l’horizon 2032, à augmenter le nombre de voyageurs de 30% durant la même période et à améliorer considérablement l’expérience client.
Dans les 10 prochaines années, la SNCB investira aussi dans l’accueil des voyageurs en doublant le nombre actuel de gares accessibles de manière autonome (pour atteindre 176 gares en 2032, soit près de 80% des voyageurs) et en proposant 40% de places de parking supplémentaires pour vélos. Le transporteur ambitionne également de renouveler 50% de sa flotte d’ici 2032.
Pour parvenir à réaliser ces ambitions, l’entreprise investira au total plus de 9,2 milliards d’euros durant cette période de 10 ans. Dans le même temps, elle s’engage à réaliser des gains annuels de productivité à hauteur de 4,5% en moyenne «pour être compétitive par rapport aux entreprises ferroviaires comparables». La dette économique devrait ainsi descendre à 1,6 milliard d’euros d’ici 2032.
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