Tensions sociales chez Brussels Airlines: Le personnel de cabine dépose un préavis de grève à durée illimitée
Le personnel de cabine de Brussels Airlines a déposé ce jeudi un préavis de grève à durée illimitée et en front commun syndical prenant effet à partir du 23 novembre prochain, annonce ce vendredi Didier Lebbe, secrétaire permanent de la CNE.
Les représentants des stewards et hôtesses dénoncent le non-respect de certaines conventions collectives de travail, et notamment le fait que la direction de la compagnie aérienne a récemment outrepassé la consultation de la délégation syndicale avant de publier les horaires du personnel. «Une goutte d’eau qui a fait déborder le vase», illustre Didier Lebbe.
Les travailleurs déplorent également que les conventions salariales conclues au moment de la restructuration de 2020, lors de laquelle près de 1.000 personnes sur environ 4.000 avaient dû quitter l’entreprise, sont toujours en vigueur alors que la compagnie a récemment signalé un retour aux bénéfices.
«Un rythme infernal pour des salaires de crise»
«Cela fait un certain temps que de plus en plus de membres du personnel de cabine, surtout les plus anciens, se tournent vers nous en nous disant qu’ils ont l’impression d’avoir été grugés lors de cette restructuration», explique le secrétaire permanent de la CNE. Au début de la crise, on leur a mis le couteau sous la gorge, leur intimant d’accepter des conditions salariales revues à la baisse afin d’éviter la faillite de Brussels Airlines. La direction leur avait dit ne pas miser sur un retour à la croissance du secteur avant 2025. Mais cela est intervenu en 2022. Nous sommes en 2023 et le personnel est en train de travailler à un rythme infernal pour des salaires de crise. Cela alors que compagnie se targue de renouer avec des bénéfices qu’elle n’a plus eus depuis de nombreuses années.»
Début novembre, le transporteur avait fait état d’un chiffre d’affaires en hausse de 10% au troisième trimestre, s’élevant à 478 millions d’euros, contre 436 millions à la même période l’année dernière. Il s’agit de l’été le plus rentable de son histoire. La filiale de Lufthansa prévoit d’atteindre des résultats annuels records en 2023 et vise le seuil de rentabilité au quatrième trimestre.
En manque de stewards et d’hôtesses
Après s’être séparée d’un quart de son personnel il y a trois ans, la compagnie se rend maintenant compte qu’elle manque de stewards et d’hôtesses, regrette Didier Lebbe. Or il s’agit d’un métier pour lequel il faut être parfaitement formé afin d’assurer la sécurité des passagers et la responsabilité d’un vol peut parfois dépasser les 8 à 9 heures, souligne-t-il.
Lors de la publication de ses résultats trimestriels au début du mois, Brussels Airlines avait indiqué compter recruter environ 360 nouveaux collaborateurs en 2024. La société emploie actuellement quelque 3.400 personnes.
Les dernières grèves du personnel de cabine du transporteur remontent à décembre 2021 et juin 2022. Les syndicats avaient alors souhaité dénoncer une charge de travail trop élevée pour le personnel, dont la voilure avait donc été réduite lors de la restructuration de 2020. Après les confinements dus à la pandémie de coronavirus, les conditions de voyage avaient été assouplies et de nombreux clients s’étaient alors rués sur les billets d’avion. Cet été-là, la compagnie avait dû annuler près de 700 vols en vue d’alléger la charge de travail.
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