Une envie d’escapade automnale? Vivez les origines d’Halloween en Irlande avec le Púca Festival

À moins d’une heure de Dublin, dans les terres ancestrales d’Irlande, se déroule chaque année fin octobre le Púca Festival. Durant cinq jours (et quatre nuits), il met à l’honneur les esprits du Samain, l’ancienne fête celtique désormais connue sous le nom d’Halloween.

par
Marie Bruyaux
Temps de lecture 6 min.

Samain, une fête païenne

Il y a plus de 2.000 ans, en Irlande, les Celtes avaient pour tradition d’accueillir la période sombre en organisant une grande célébration au coucher du soleil, le 31 octobre. Pour marquer la fin des généreuses récoltes et le début du Nouvel An celtique, ils allumaient des feux en l’honneur des esprits du Samain, qui signifie «la fin de l’été» en gaélique. Les Celtes ne distinguaient en effet que deux saisons: l’été et l’hiver.

Selon leurs croyances, c’était à ce moment de l’année que le voile entre le monde des vivants et celui des morts était le plus mince. «Toutes les frontières sont sous pression à ce moment de l’année. Et ce voile est le plus mince lors de la nuit d’Halloween mais aussi le plus perméable», nous explique John Gilroy, auteur irlandais d’un livre sur les origines d’Halloween, intitulé «Tlachtga: Celtic Fire Festival». «Vous pouvez choisir de passer vers l’au-delà, ou pire, des ‘choses’ peuvent venir de l’autre monde dans le nôtre. C’est pour ça que les gens ont commencé à se déguiser en monstres, pour éloigner les fantômes et mauvais esprits. Ils ont pris l’habitude de se déguiser pour se confondre avec eux. C’est aussi une autre frontière qui se brise. Vous ne portez plus vos vêtements ordinaires mais un costume», ajoute John Gilroy.

Ce n’est que bien plus tard, quand les Irlandais ont émigré aux États-Unis, que Samain s’est transformée en Halloween, qui est une contraction de «All Hallows Eve» («la veille de tous les saints»). La fête a donc été christianisée pour devenir la Toussaint, au lendemain de laquelle on se souvient de tous ceux qui sont morts.

Un festival mystique

Créé en 2019, le Púca Festival rend hommage à cette ancienne fête païenne de Samain, toujours très présente dans le cœur des Irlandais. Même si dans ce pays très catholique, certaines voix s’élèvent contre ce type de manifestation. Les festivités se déroulent dans les petites villes de Trim et Athboy, dans le comté de Meath, à l’est de l’île. Une région ancestrale et gorgée d’histoire!

Le festival s’ouvre en grande pompe à la nuit tombée par une superbe procession des esprits du Samain dans les rues de Trim. Après l’allumage des quatre grandes lettres Púca, chaque participant prend un flambeau et se joint au cortège. Des musiciens donnent le ton au son des tambours avant le départ. Dans la procession, on retrouve bien évidemment le Púca, un personnage métamorphe pouvant apporter la fortune ou le malheur à celui qui le croise, mais aussi la féroce Morrigan, déesse de la guerre et gardienne du destin, qui prend souvent la forme d’un corbeau. On peut également apercevoir la douce et divine Boann («celle qui procure des vaches») qui représente la prospérité ou encore le Fear Dearg («l’homme rouge»), un lutin grincheux habillé de rouge des pieds à la tête et qui joue des mauvais tours à tous les humains qu’il croise. De nombreux habitants de la région, certains vêtus de leurs plus beaux costumes, se pressent sur les trottoirs pour admirer le spectacle au son de la musique traditionnelle.

Après ce moment unique, la fête peut commencer! Au programme du festival: des concerts, des spectacles, des jeux, du cirque, du storytelling, des podcasts, et bien d’autres choses encore… Le tout avec des artistes venus des quatre coins d’Irlande et d’ailleurs!

Au pied du château de Trim (où des scènes de «Game of Thrones» et «Braveheart» ont été tournées), se niche pour l’occasion un petit village médiéval où s’étendent des échoppes plus surprenantes les unes que les autres. Vous pouvez, par exemple, essayer de faire du feu avec deux silex ou apprendre à filer de la laine de mouton, ou encore admirer des casques de chevaliers. L’espace n’est pas très grand mais l’atmosphère y est très particulière et nous renvoie quelques centaines d’années en arrière. Un impressionnant show pyrotechnique se déroule également au pied du château, un événement à ne pas manquer!

Vous vous attendiez à un festival effrayant? Passez votre chemin. Le Púca Festival est plutôt mystique, malicieux et gai, à l’image des Irlandais. Toutefois, si vous avez tout de même envie de vous faire peur (c’est Halloween après tout!), vous pouvez vous balader dans les lieux hantés de Trim, accompagnés de Cynthia Simonet. La guide vous racontera des histoires incroyables de fantômes et de sorcières brûlées sur le bûcher. Avec le ciel gris irlandais au-dessus de vos têtes, et les ruines du château en toile de fond, vous serez vraiment dans l’ambiance! Au détour d’une rue, différents conteurs -et même une chasseuse d’événements paranormaux- se joignent à la balade. Votre nuit risque d’être perturbée après ça…

Là où tout a commencé

Au dernier jour du festival, une autre cérémonie se déroule près de la ville d’Athboy, cette fois. C’est là que se dresse le site préhistorique «The Hill of Ward», une colline nommée Tlachtga du temps des Celtes. Selon la légende, cette puissante druidesse aurait donné naissance à des triplés (mais de pères différents) sur cette colline.

Des archéologues irlandais qui ont exploré «The Hill of Ward» ont trouvé des preuves d’un brûlage intense sur le site datant de 500 après JC. Il s’agissait en effet à l’époque d’une enceinte cérémonielle massive. Tous les feux existants en Irlande étaient éteints avant que les druides ne rallument sur la colline un immense feu de joie pour accueillir la nouvelle année. Tout le monde venait allumer sa propre flamme à partir de ce feu central.

«Les feux aident le soleil dans son voyage à travers l’hiver. Ils symbolisent la victoire de la lumière et nous assurent qu’elle reviendra l’année prochaine», nous explique John Gilroy. «En allumant ces feux, on renvoie les fantômes dans l’autre monde celtique. Pour que le lendemain matin, nous soyons à nouveau en sécurité.»

En journée, les festivaliers peuvent visiter le site à pied aux côtés d’une anthropologue et experte en histoire médiévale irlandaise. Le soir du 31 octobre se tient sur «The Hill of Ward» la cérémonie de clôture du festival. On peut se rendre sur la colline et assister à l’allumage du feu par des druidesses. On écrit ensuite un souhait sur un papier avant de le jeter dans les flammes. Les festivaliers partent enfin en procession jusqu’au «Fair Green», lieu de rassemblement où des spectacles pyrotechniques et musicaux sont organisés pour terminer les festivités en beauté!

L’expérience est magique et ne ressemble à aucune autre. Et si la pluie vient jouer les trouble-fête, n’oubliez pas que vous êtes en Irlande et que l’ambiance des pubs est tout aussi mémorable!

Infos pratiques

Quand? Du 27 au 31 octobre 2023.

Combien? Certains événements sont gratuits, les concerts et spectacles sont payants.

Comment s’y rendre? Il existe plusieurs vols par semaine pour Dublin, depuis Bruxelles ou Charleroi. À l’aéroport de Dublin, des bus desservent régulièrement Trim et Athboy.

Où loger? Le Trim Castle Hotel est situé juste en face du haut lieu du festival. Nous avons logé au Knightsbrook Hotel, à Trim.

Découvrez le programme complet sur www.pucafestival.com