Fast-sex, chemsex et sex-parties: la sexualité «récréative» des Européennes à la loupe
Une vaste étude s’est intéressée à la sexualité occasionnelle des Européennes à l’ère Post-MeToo. Fast-fucking, chemsex ou encore sex-parties, accrochez-vous car le voyage va être surprenant.
Durant l’automne 2022, le très sérieux institut de sondage français Ifop a interrogé un échantillon de 5.000 femmes, représentatif de la population féminine âgée de plus de 18 ans, dans cinq pays: la France, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et le Royaume-Uni. L’objectif de cette enquête réalisée pour le compte du réseau social Wyylde était d’en savoir plus sur leur sexualité récréative et de faire les différences, parfois importantes, entre les pays.
C’est quoi une sexualité récréative?
Mais avant de commencer, qu’est-ce qu’une sexualité dite «récréative»? Pour l’Ifop, il s’agit d’une «sexualité de loisir» qui vise uniquement à combler les désirs sexuels du moment, sans sentiment ni engagement.
L’enquête s’est d’abord intéressée aux Européennes qui sont déjà passées à l’acte avec un partenaire dès leur premier rencontre. Les différences entre les pays sont grandes. 25% des Italiennes indiquent avoir couché le premier soir, contre 41% des Britanniques, 37% des Espagnoles et des Allemandes ou encore 38% des Françaises. Avec les rencontres en ligne, on peut rencontrer directement quelqu’un à son domicile (ou au vôtre) sans jamais l’avoir vu en vrai auparavant. Dans ce contexte, quel est le pourcentage des Européennes à être passées à l’acte dès la première rencontre? Là encore, la différence est grande entre les Italiennes (10%) et les Britanniques (17%).
Les applications de rencontres ont bouleversé les chiffres du «sexe rapide». Selon l’enquête, 84% des utilisatrices actuelles d’une application ont déjà eu des rapports sexuels «dès le premier soir», contre 42% des femmes n’en ayant jamais fréquenté. La principale raison est l’absence d’ambiguïté autour des intentions des partenaires qui fréquentent ces plateformes.
Le sexe sans lendemain
Autre phénomène en plein essor notamment avec les applications de rencontres: la pratique d’un modèle de «sexe sans lendemain». D’ailleurs, sur les applications, certains utilisateurs annoncent directement la couleur en indiquant «One-night stand» ou au contraire «No One-night stand» à travers les abréviations ONS ou NO ONS. Ainsi, 33% des répondantes indiquent avoir couché «avec une personne une seule fois tout en sachant d’avance [qu’elles n’allaient] pas la revoir». Là encore, les différences entre les cinq pays sont grandes. Près de la moitié des Françaises de moins de 25 ans (49%) indiquent déjà avoir eu une relation sexuelle sans lendemain. Elles étaient 41% il y a 10 ans. Les chiffres sont comparables en Grande-Bretagne et en Espagne. Par contre, les Allemandes (32%) et les Italiennes (28%) sont nettement moins nombreuses à avoir eu du sexe sans lendemain.
Une approche détachée de la sexualité
«Même si la vie de couple reste pour la plupart des femmes un idéal de vie, cette étude a le mérite de montrer que les hommes n’ont plus le monopole d’une ‘approche détachée et instrumentale de la sexualité’ où l’acte n’a d’autres finalités que le plaisir… S’affranchissant des conventions qui ne valorisent que le modèle du couple monogame, les jeunes femmes (et tout particulièrement les Françaises) assument plus que jamais une ‘sexualité plastique’ affranchie des scripts de ‘l’amour romantique’ et autres injonctions à la retenue sexuelle… Certes, elles souffrent toujours d’une moindre permissivité sexuelle que les hommes mais leurs aventures sexuelles éphémères n’en sont pas moins indice d’une indépendance sexuelle croissante.», analyse François Kraus, directeur de l’expertise «Genre, sexualités et santé sexuelle» à l’Ifop.
Avec des amis ou des inconnus
L’enquête s’est également intéressée à l’émergence de nouvelles pratiques chez les 18-24 ans. D’abord, le fait d’avoir des rapports sexuels réguliers avec un.e ami.e, ce qu’on appelle communément la pratique du « sexfriend ». Plus d’une femme sur trois (36%) de 18 à 24 ans s’est déjà adonnée à cette forme d’amitié sexuelle.
Plus surprenant, près d’une jeune européenne sur six a déjà eu une expérience sexuelle avec des partenaires qui leur étaient totalement inconnus, au point de ne pas connaître leur prénom. «Une proportion significative de jeunes Européennes ont déjà fait l’amour avec quelqu’un dont elles ne connaissaient pas le prénom : 17% en moyenne, mais jusqu’à deux fois plus au Royaume-Uni (28%)! En France, cette pratique très symptomatique de la capacité à réduire une relation à sa pure dimension physique est, certes, plus limitée (19%) mais a nettement progressé en quelques années (+6 points depuis 2017)», analyse l’Ifop.
Les soirées SAD
L’enquête a également interrogé les jeunes européennes de moins de 25 ans sur leurs éventuelles expériences sexuelles sous drogue dure (GHB, 3-MMC, Kétamine, MDMA). Il en ressort que 19% des Britanniques, 17% des Espagnoles, 15% des Françaises, 7% des Allemandes et 5% des Italiennes ont déjà eu des rapports sexuels sous ces drogues de synthèses. Ces drogues sont aussi au cœur des «Skins Parties» ou soirées SAD en français pour Sexe, Alcool, Drogue. Ainsi, 23% des jeunes femmes britanniques ont déjà eu des rapports sexuels dans des sex-parties mêlant drogue dure, sexe et alcool, contre 16% des Françaises et 17% des Espagnoles.
«Leur pratique du chemsex s’inscrit dans la même optique que les autres tendances révélées par cette étude: trouver du plaisir et sans doute une manière de se libérer des injonctions sociales qui les poussent à la retenue… Quels que soient les risques qu’elles encourent, les Européennes revendiquent donc de plus en plus une sexualité récréative, entendue au sens d’une «sexualité de loisir au sens fort, une sexualité libre (…) dont l’objectif principal est le bien-être», analyse François Kraus.
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