Sexo: c’est quoi la dette sexuelle, ce sentiment qui peut nous bousiller la vie?

Qu’il s’agisse d’un coup d’un soir ou d’une relation long terme, vous vous êtes peut-être déjà senti redevable sexuellement. Cela peut survenir à cause d’une pression externe, ou même parce que c’est inscrit dans leur caractère, par exemple quand on manque d’estime de soi ou quand on ressent une impression d’infériorité, voire même que l’on a toujours la crainte de perdre l’autre.

Quelles formes peut prendre cette dette?

Cette dette, elle peut prendre plusieurs formes. Par exemple, lorsque quelqu’un nous offre un cadeau, un verre, ou un restaurant, on peut se dire que l’on «doit» quelque chose, et que cette chose peut être sexuelle. Même chose si quelqu’un nous reconduit à la maison ou nous offre un hébergement pour la nuit. Parfois, les choses peuvent même être plus insidieuses, notamment lorsqu’il y a des échanges de sextos, de boire un verre ensemble ou de danser toute la nuit. Et si l’on va plus loin, lorsque l’on a été proche physiquement, voire sexuellement, de quelqu’un, on pourrait croire que l’on a provoqué une attente sexuelle et qu’il semble logique de la combler.

Quelque chose de féminin?

Si tout le monde peut être concerné par ce phénomène de dette sexuelle, les femmes semblent plus souvent être redevables sexuellement. Bien entendu, nous faisons de gros progrès pour changer les mentalités ces dernières années, mais la dette sexuelle existe toujours et elle doit être remise en question.

Quel lien avec le consentement?

Par définition, une dette est une obligation, explique Anne-Françoise Meulemans, médecin psychothérapeute, à nos confrères de Elle.fr: «C’est le résultat d’un calcul, elle est inéluctable et subie. Le consentement n’a pas son mot à dire, c’est la définition même de la redevabilité. Une force supérieure agit, et la victime ne peut que se soumettre.»

Pourquoi cette dette pose problème?

La personne qui ressent cette dette peut se sentir coincée et ne sait pas comment s’en sortir. Il s’agit là d’une pression et l’on peut se sentir jugé, voire même commencer à culpabiliser d’avoir accepté ce que l’autre nous a proposé si l’on n’a pas eu de rapport après cela. Forcément, tout cela impacte la sexualité puisqu’elle n’est pas pleinement consentie. Évidemment (faut-il le rappeler), il n’y avait jamais d’obligation à avoir un rapport sexuel, et il est toujours possible de l’arrêter à chacun des stades de celui-ci, sans que cela soit problématique.

Comment s’en débarrasser?

Selon Laura Regaglia, sexologue, il est indispensable de travailler sur l’estime de soi et la confiance en soi. Il faut apprendre à se respecter et à écouter ses limites. «Il faut communiquer, ne pas avoir peur de s’affirmer, ne pas laisser de place aux malentendus et être intransigeant(e) par rapport à ses envies et ses limites», poursuit l’experte. La sexualité est un moment de partage et d’échanges, durant lesquels les deux partenaires doivent consentir librement à l’activité sexuelle.

«Cela peut se travailler au niveau du couple, ou au niveau individuel, mais dans une vision systémique. La construction d’un couple, d’une relation passe par la construction et la déconstruction de la sexualité, de ses représentations, afin de se l’approprier d’une manière réactualisée… Tout le monde en sort gagnant, les partenaires et le couple lui-même», conclut Anne-Françoise Meulemans.

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