A bout, le corps enseignant dans la rue ce jeudi pour réclamer un «changement de cap»
Une bonne partie des enseignants, mais aussi du personnel ouvrier et administratif des écoles et des universités, devrait se croiser les bras jeudi pour réclamer «un changement de cap» de la politique de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Plusieurs milliers d’entre eux sont également attendus sur le coup de 11h00 jeudi pour une «concentration» devant le siège du gouvernement de la FWB, place Surlet de Chokier, dans le centre de la capitale. C’est la première manifestation des enseignants depuis 2011 en FWB.
Épuisé par deux années de pandémie qui a sensiblement affecté l’école, le corps enseignant entend dénoncer «le mépris» affiché, selon lui, par les décideurs durant la crise sanitaire à son égard.
«Dans l’indifférence générale, les personnels des établissements d’enseignement ont été mis en situation dangereuse pendant la pandémie de façon à laisser tourner le monde économique», résume le front commun syndical.
Mais ce mouvement de grogne plonge en réalité ses racines bien au-delà de la crise sanitaire. Celle-ci n’est que le révélateur d’un malaise bien plus profond lié à la politique générale de l’école, soumise depuis plusieurs années à une série de réformes.
Les revendications sont nombreuses
Selon les syndicats, ce train de réformes n’a eu pour effet que d’augmenter la charge de travail (administratif) des enseignants, tout en réduisant l’encadrement des élèves. Ceux-ci ont d’ailleurs élaboré un cahier de doléances presque aussi long qu’un dictionnaire.
Pêle-mêle, on y retrouve l’absence de mesures efficaces pour lutter contre la pénurie d’enseignants, des classes trop peuplées, le délabrement des bâtiments scolaires, l’insuffisance de matériel numérique, la nouvelle procédure d’évaluation envisagée pour les profs, le futur dossier d’accompagnement de l’élève, la réforme envisage dès l’année prochaine des rythmes scolaires,etc.
En ligne de mire aussi: les lenteurs des négociations sectorielles (que le gouvernement voudrait négocier pour quatre ans, alors que la législation prévoit une négociation tous les deux ans), des demandes en matière d’aménagements des fins de carrières, et une revalorisation barémique.
Face à ces demandes, le gouvernement a déjà indiqué être prêt à dégager 32 millions d’euros supplémentaires d’ici 2024. Un effort jugé toutefois largement insuffisant par le secteur. «Ce n’est pas un cadeau, mais simplement un rattrapage par rapport aux économies antérieures!», pointent ainsi les syndicats.
Alors que les profs seront justement sous ses fenêtres, le gouvernement -qui se réunit tous les jeudis matins- débattra justement d’un projet de protocole sur les négociations sectorielles.
Une délégation de manifestants devrait d’ailleurs être reçue par les ministres en milieu de journée.
Le mouvement de grève devrait logiquement impacter le fonctionnement des enseignements dans les écoles ce jeudi. Celles-ci sont toutefois tenues d’organiser des garderies pour accueillir leurs élèves.