À Bruxelles, des réfugiés ukrainiens ont dormi dehors: «C’est une honte»
Sur place, certains s’étonnent d’un manque d’organisation. «On attend ici depuis plusieurs heures. Je ne comprends pas pourquoi on nous fait attendre. Pourquoi les autorités belges n’ont-elles pas mis en place un site internet pour s’inscrire et éviter les files», se demande une adolescente ukrainienne arrivée avec ses parents, auprès de nos confrères de la DH. «En trois heures, on a avancé de 30 mètres. Mais c’est toujours mieux d’être ici qu’en Ukraine.»
Cette situation ne laisse pas les Belges indifférents. «C’est affreux, il n’y a pas d’autres mots. Les gens sont là à attendre comme des chiens», déplore Henk, un Anversois parti chercher des réfugiés à la frontière. «J’ai honte de la façon dont ces personnes sont traitées. Il y a des familles entières qui attendent depuis tôt le matin. Des femmes, des enfants… Et à 17 h 30 on leur dit que c’est fini et qu’ils doivent revenir demain. Il y a des gens qui dorment dehors et ils n’ouvrent pas leurs bureaux avant 8 h 30. C’est quoi ça? Ils ne peuvent pas faire un petit effort? Les autorités ne peuvent vraiment rien faire pour mieux organiser les choses?»
Le nombre de réfugiés ukrainiens accueillis par jour s’élève en moyenne à pas moins de 2.000 personnes et, vu la situation sur place et le nombre d’Ukrainiens qui quittent leur pays, ces chiffres sont appelés à encore augmenter. Le défi est colossal pour la Belgique comme pour le reste de l’Union européenne, et dépassera ce qui s’était produit durant la crise syrienne, a-t-on enfin commenté à bonne source.
Le gouvernement fédéral et ceux des Régions et Communautés ont défini jeudi un processus d’accueil des réfugiés ukrainiens en plusieurs phases. Le gouvernement fédéral se chargera de l’accueil de crise, c’est-à-dire l’accueil, l’enregistrement et l’hébergement d’urgence pendant quelques jours des personnes arrivant sur le sol belge. Une solution avait été trouvée mercredi avec la Ville de Bruxelles, pour ouvrir un centre d’enregistrement au Palais 8 du Heysel, qui fonctionnera en complément de celui ouvert à l’ancien institut Jules Bordet.
Pour l’hébergement d’urgence, une discussion «avancée» est en cours avec un partenaire privé en vue de libérer rapidement plusieurs milliers de mètres carrés à Bruxelles.
Les entités fédérées ont confirmé, de leur côté, leur engagement à travailler avec les communes en vue d’organiser un accueil plus structurel. Il s’agit de trouver des logements réguliers aux Ukrainiens qui rejoindraient la Belgique. L’une des questions qui se posent en particulier est celle de l’enseignement, qualifiée de «défi titanesque» puisque de nombreuses personnes qui arrivent d’Ukraine sont des enfants.