Cinq mois après les inondations, un deuxième danger guette les sinistrés: «Le pire, c’est après. J’aurais dû me laisse couler»

Cinq mois après les inondations qui ont touché la Belgique, le burn out administratif guette de nombreux sinistrés. Ils livrent des témoignages poignants.

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Belga avec rédaction en ligne
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Après les inondations meurtrières qui ont frappé la Wallonie à la mi-juillet, c’est désormais le burn out administratif qui guette les sinistrés, ressort-il de la consultation citoyenne menée par le laboratoire LEMA (Local Environnement Management and Analysis) de l’ULiège, dont les résultats ont été présentés ce vendredi après-midi par Jacques Teller, son directeur, devant la commission d’enquête parlementaire sur les inondations.

Menée durant la première quinzaine de septembre en marge de l’analyse demandée par la Région au bureau suisse Stucky et à l’Université de Liège, cette enquête s’est appuyée dans un premier temps sur 229 réponses qui ont débouché sur 31 entretiens et 4 tables rondes.

«Ce dont les sinistrés avaient besoin au plus fort des inondations»

Les sinistrés interrogés y ont confirmé une montée des eaux très rapide, en deux phases; la seconde étant associée, pour eux, à l’ouverture des barrages. Ils ont également pointé «l’absence totale d’alerte ou de signaux adéquats», relevant à nouveau les problèmes de communication. «Dès le début de la crise, les pouvoirs publics ont perdu le monopole de la diffusion d’information. Les gens se sont tournés vers les réseaux sociaux et ont fait confiance à des rumeurs, dont certaines étaient fausses», a expliqué Jacques Teller.

«Ce dont les sinistrés avaient besoin au plus fort des inondations, c’était d’informations et ils ont eu le sentiment d’être largement isolés», a-t-il ajouté.

Le burn out administratif

Aujourd’hui, cinq mois plus tard, un deuxième danger les guette: le burn out administratif, a poursuivi le responsable. «Ils sont désormais confrontés à une deuxième vague: celle des formalités administratives, notamment avec les assurances. Ils ont souvent l’impression d’être confrontés à un mur, avec des dispositifs en ligne inadéquats» alors qu’ils auraient besoin de parler à des êtres humains. «Quelqu’un nous a dit: le pire, ce n’était pas les 30 heures passées sur le toit. Le pire, c’est après. J’aurais dû me laisse couler», a-t-il encore rapporté.

Des témoignages qui ont ébranlé les parlementaires wallons, dont certains, comme André Frédéric (PS) ou François Bellot (MR), ont eux-mêmes été confrontés aux inondations.

«Cette enquête démontre l’importance d’entendre les sinistrés en commission d’enquête, comme nous le demandons. Ils ont une richesse de vécu dont on ne peut pas se passer», a de son côté estimé le député PTB Julien Liradelfo.

La présentation de ce vendredi après-midi faisait suite à celles de Thomas Michaud, chef de projet au bureau Stucky et de Catherine Fallon de l’ULiège, sur l’analyse demandée par la Région après les inondations de l’été. Ces derniers sont notamment revenus sur la trentaine de recommandations – souvent urgentes – formulées dans leur rapport tout en soulignant que leur étude avait été «beaucoup trop courte».

La prochaine réunion de la commission d’enquête, dont le travail aurait dû se terminer ce mois-ci mais a finalement été prolongé jusqu’à la fin février, est prévue le 14 janvier.