Crise énergétique: quelles sont les stratégies des pays européens pour réduire leur consommation énergétique?
Alors que les prix de l’énergie flambent et qu’une perspective d’un black-out énergétique dans certains pays européens n’est plus si lointaine à cause de la guerre en Ukraine, certains pays ont adopté des mesures pour limiter leur consommation énergétique. Petit tour d’horizon.
France
Lors de son discours du 14 juillet, le président français Emmanuel Macron avait annoncé mettre en place un «plan de sobriété» énergétique pour faire face au risque de pénurie liée à la guerre en Ukraine. Le secteur de la grande distribution a par exemple dû s’accorder sur une stratégie de réduction énergétique. Il est prévu d’éteindre les enseignes lumineuses «dès la fermeture du magasin» – contre en général une heure après la fermeture actuellement – et de «systématiser la baisse d’intensité lumineuse», en réduisant de moitié l’éclairage de la surface de vente avant l’arrivée du public et de 30% lors des «périodes critiques de consommation».
Sont également prévues d’autres mesures comme «la coupure du renouvellement d’air la nuit, le décalage de la production de glace» et des mesures d’urgence prévoyant notamment de baisser la température des points de vente à 17 degrés cet automne et cet hiver, en cas de demande d’une autorité régulatrice.
Depuis octobre, le gouvernement français a par ailleurs gelé le tarif réglementé du gaz et de l’électricité afin de constituer un «bouclier tarifaire».
Espagne
Le parlement espagnol a, lui aussi, approuvé un plan de réduction de la consommation énergétique du pays en adoptant plusieurs mesures telles que la limitation de l’usage de la climatisation à une température de 27ºC dans les espaces commerciaux, les cinémas, les bureaux, les hôtels, les gares et aéroports. Les entreprises de travail manuel, ainsi que les bars et restaurants ne peuvent, eux, plus descendre la climatisation sous les 25ºC. Les vitrines des commerces doivent également être éteintes après 22h. Par ailleurs, le recours au télétravail est encouragé par les autorités. Le prix du gaz y est par ailleurs plafonné, tout comme au Portugal.
Allemagne
Les pouvoirs publics allemands entendent donner l’exemple: le chauffage dans les administrations et bâtiments publics sera plafonné à 19 degrés à partir du 1er septembre. Le chauffage sera même limité à 12 degrés là où les employés exercent un travail physique intensif. Il sera éteint dans les parties communes comme les couloirs et il n’y aura plus d’eau chaude pour se laver les mains. Dans les entreprises, les températures minimales à respecter seront abaissées – une manière d’inciter, sans contraindre, le secteur privé à participer à l’effort. Autres mesures décidées, les commerces ne pourront plus garder leurs portes ouvertes si l’intérieur du magasin est chauffé, l’éclairage de nuit des bâtiments sera interdit et les publicités lumineuses éteintes entre 22h00 et 06h00. Le chauffage de piscines privées sera également prohibé à partir du 1er septembre
Finlande
Plus surprenant, en Finlande, une campagne nationale va appeler les Finlandais à réduire d’un degré la température habituelle de leur chauffage l’hiver prochain et à diminuer le temps passé sous la douche et dans leurs chers saunas. Une campagne nationale destinée à économiser l’énergie appelle les Finlandais à réduire d’un degré la température habituelle de leur chauffage l’hiver prochain et à diminuer le temps passé sous la douche et dans leurs chers saunas. Cette campagne, appelée «un degré de moins», doit être lancée le 10 octobre, a déclaré à l’AFP Kati Laakso, porte-parole de Moriva, agence d’Etat pour la promotion de l’énergie durable.
Italie
Le gouvernement italien a adopté un nouveau paquet de mesures de 17 milliards d’euros destinées en grande partie à amortir le choc de la flambée des prix de l’énergie pour les ménages et entreprises. Face à l’envolée des prix à la pompe, le gouvernement a par exemple prolongé la réduction de 30 centimes des taxes par litre de carburant en vigueur depuis début avril. Parmi les nouvelles mesures figurent des aides pour le paiement des factures d’électricité, la baisse à 5% de la TVA sur le gaz et des crédits d’impôts pour les entreprises dont les coûts énergétiques ne cessent d’augmenter.
Suède
Le gouvernement suédois a annoncé vouloir indemniser à hauteur de 60 milliards de couronnes (5,7 milliards d’euros) les consommateurs et les entreprises pour la flambée des prix de l’électricité occasionnée par la guerre en Ukraine. Le gouvernement n’a pas encore précisé sous quelle forme se fera cette compensation ou quand elle sera mise en place. Il a cependant indiqué que ces mesures pourraient inclure des prix d’électricité plus bas ainsi qu’un remboursement direct aux foyers et aux entreprises.
Royaume-Uni
Le plafond tarifaire de l’énergie va augmenter de 80% à partir d’octobre au Royaume-Uni, a annoncé vendredi le régulateur britannique du secteur Ofgem. Il appelle le gouvernement à apporter des aides «urgentes» en pleine crise du coût de la vie. Le plafond va passer de 1.971 livres (2323€) par an par foyer moyen à 3.549 (4.183€) livres à partir d’octobre. Ce seuil étant calculé d’après la moyenne des cours de gros du gaz sur les mois précédents, les experts s’attendent à ce qu’il soit relevé à plus de 4.000 livres en janvier et jusqu’à 6.000 livres au printemps.
Pour aider la population, le ministre de l’Économie et des Finances Nadhim Zahawi a annoncé l’arrivée de 400 livres de rabais sur les factures d’énergie pour tous, 650 livres pour les ménages vulnérables et 300 livres pour les retraités
Et en Belgique?
Le gouvernement fédéral a approuvé un plan Hiver. Parmi les actions lancées, figure la demande aux entreprises de production d’énergie de tenir leur capacité prête au maximum et d’éviter, par exemple, des entretiens durant l’hiver. Une requête adressée à Engie Electrabel est plus inattendue. Le gouvernement veut savoir si l’exploitant peut prolonger l’activité de Tihange 2 durant l’hiver. En principe, le réacteur doit fermer en février, conformément à la loi de sortie du nucléaire. Le Premier ministre a également lancé un appel aux citoyens à plus de sobriété dans la consommation d’énergie. «Si nous voulons passer le cap de l’hiver et aider d’autres pays à le faire, on le fera grâce à une coopération entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Mais on a tous un rôle à jouer. Si on consomme moins, cela aura un impact. Je voudrais inviter chacun à consommer de manière rationnelle», a-t-il déclaré.
Pour rappel, notre pays est très peu dépendant du gaz russe qui représente 6,5% du total, contre 40% pour certains pays européens. Pour l’hiver prochain, il n’existe d’ailleurs pas de risque de pénurie de gaz ni d’électricité dans notre pays.