Dans l’avion VIP des Diables rouges, un personnel aux salaires de misère
Les Diables Rouges s’envoleront cette semaine à destination de Saint-Pétersbourg pour débuter l’Euro de football. Durant tout ce périple, l’équipe nationale volera sur un avion – un Boeing 737 – de la compagnie lituanienne Klasjet, qui paie son personnel de bord à des salaires très largement inférieurs aux standards belges, rapporte dimanche La Libre Belgique.
Il y a dix jours, on avait appris que l’aéroport de Charleroi serait l’hôte des Diables Rouges durant le prochain Euro, accueillant les joueurs et le staff lors de chaque départ et retour d’un match. Jusqu’à présent, les Diables Rouges partaient toujours de Zaventem, à bord d’un avion de Brussels Airlines, le Trident, décoré aux couleurs nationales. Ce ne sera donc pas le cas durant l’Euro. L’idée derrière cette évolution est celle d’une bulle de porte à porte, depuis Tubize, où se trouve le centre d’entraînement de l’Union belge, jusqu’à la ville hôte de chaque rencontre.
D’après le quotidien, la compagnie lituanienne, qu’a contractée la société anversoise Aviation Factory pour l’Union belge, paie ses hôtesses et stewards entre 540 et 1.300 euros bruts par mois – des chiffres que réfute Klasjet – alors que le salaire minimum dans ce pays est de 600 euros bruts, pour un salaire moyen proche des 1.300 euros. On est donc très loin des 1.800 euros minimum imposés dans le secteur aérien en Belgique, écrit La Libre.
Du côté de la Fédération de football, on explique qu’il y avait un problème de «disponibilité» de l’avion de Brussels Airlines et on insiste sur le «confort» voulu pour les joueurs lors de ces voyages européens, qui a aussi justifié le choix de l’aéroport de Charleroi plutôt que celui de Bruxelles, notamment en termes d’embouteillages entre Tubize et Zaventem.
«Pas d’attention au social»
Dans une réaction, la CNE et l’ACV Puls regrettent le choix de la fédération, rappelant que l’État belge (et donc le contribuable) a investi 290 millions d’euros dans Brussels Airlines à la suite de la crise. Aux yeux du syndicat chrétien, il s’agit de dumping social. «Pourquoi les Diables Rouges ne volent-ils pas avec une compagnie aérienne belge? Ou au moins une qui ne travaille pas avec des contrats d’employés plus que douteux», s’interroge-t-il.
«Il est très regrettable que notre fédération nationale de football ne prête pas attention à l’aspect social dans ses contrats. Nos Diables Rouges ont une fonction exemplaire, également en ce qui concerne les conditions de travail», estime Hans Elsen, secrétaire permanent de l’ACV Puls.
Son homologue de la CNE Didier Lebbe déplore, lui, de «voir des responsables politiques participer à une guerre stérile, non productive et absurde entre aéroports. Où aurait été le problème de voir un avion de Brussels Airlines peint spécialement aux couleurs de l’équipe nationale de football partir de l’aéroport de Charleroi si c’est vraiment de cet aéroport qu’il était plus facile pour nos joueurs de partir?», se demande-t-il. «Imagine-t-on une seconde l’équipe nationale française voler sur une compagnie étrangère VIP low cost plutôt qu’Air France pour un tournoi de cette envergure?»
«Mieux payés même chez Ryanair»
«Être fier d’annoncer que les joueurs de l’équipe nationale belge voleront avec une compagnie low cost lituanienne est vraiment absurde», assène encore le secrétaire permanent.
«Même le personnel de Ryanair est mieux payé», s’indigne Eoin Coates, responsable aviation de la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF), auprès de La Libre, demandant aux Diables Rouges de ne pas monter à bord du Boeing de la compagnie lituanienne.
Enfin, du côté de Brussels Airlines, on dit «respecter le choix» de la fédération belge de football, dont la compagnie est partenaire, et on assure «rester un des plus grands fans des Diables Rouges».