De Croo estime que la crise ukrainienne fait évoluer la réflexion sur la sortie du nucléaire
Le Premier ministre Alexander De Croo a souligné lundi combien la situation avait évolué en matière d’approvisionnement énergétique – notamment en raison de l’invasion russe en Ukraine – depuis l’accord conclu le 23 décembre dernier par les sept partis de la Vivaldi sur une possible sortie du nucléaire.
«La situation actuelle est bien différente que lorsqu’on a pris la décision fin décembre» – quand le gouvernement fédéral avait fixé aux alentours du 18 mars l’échéance pour une décision sur la fermeture définitive de toutes les centrales nucléaires d’ici 2025 ou la prolongation des deux réacteurs les plus récents, Tihange 3 et Doel 4–, a affirmé M. De Croo (Open Vld) lors de l’émission Matin Première de la RTBF-radio.
«Fin décembre, on avait dit: on va regarder les deux éléments qui sont dans l’accord gouvernemental (la sécurité d’approvisionnement énergétique et les prix de l’énergie, NDLR). On avait ajouté en décembre comme facteur le contexte géopolitique», a-t-il complété.
Diminuer l’importance de la Russie?
Après l’invasion russe en Ukraine lancée le 24 février, «la situation géopolitique a forcément complètement changé», a souligné le chef du gouvernement fédéral. Il a rappelé que si la Russie joue un rôle majeur sur le marché européen du gaz, elle est un fournisseur «pas très important» pour la Belgique.
La Russie a montré, selon M. De Croo, qu’elle était, comme fournisseur d’énergie, «moins fiable». «Et au niveau européen, il y a toute une démarche de se déconnecter de la Russie d’un point de vue (de l’)énergie», a-t-il dit.
Selon le Premier ministre, le gouvernement a entrepris une évaluation de sa stratégie à long terme en ayant comme objectif le «zéro émission» de gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique.
«On doit donc faire des choses à court terme, mais la perspective de faire ce virage vers un système d’énergie qui soit plus durable, qui a moins d’émissions, c’est clairement cette perspective qu’il faut garder», a expliqué M. De Croo.
Etudier certaines perspectives
Il a rappelé que la décision prise en décembre prévoyait aussi d’étudier les perspectives du «nucléaire du futur» et les nouvelles technologies – comme les réacteurs EPR («Evolutionary Power Reactor») et le projet de futur petit réacteur (SMR).
«On avait clairement dit: si, à terme, il y a des technologies qui n’ont pas les inconvénients du nucléaire actuel, par exemple par rapport aux déchets, c’est quelque chose qu’il faut investiguer», a déclaré le Premier ministre. Le gouvernement avait aussi décidé fin décembre d’investir 100 millions d’euros dans la recherche sur ces nouvelles technologies.
Ouverture au dialogue
Il a souligné l’«ouverture d’esprit» dont font preuve certains membres de la coalition gouvernementale, sans citer explicitement les interviews de la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten (Groen) et du co-président d’Ecolo, Jean-Marc Nollet, publiées lundi dans les journaux ’De Standaard’ et ’Le Soir’. M. Nollet y évoque notamment une adaptation de la position des écologistes francophones sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires au-delà de 2025, dans le cadre d’un grand accord en matière énergétique à trouver au sein du gouvernement fédéral et reposant sur trois piliers: une nouvelle série de mesures destinées à baisser la facture, une accélération de la transition énergétique et la fixation du calendrier final de sortie du nucléaire.