Déjà des paysages automnaux en Belgique: comment expliquer la chute des feuilles en plein été?
Des feuilles qui virent au jaune, à l’orange ou au rouge avant de virevolter dans les airs et de tomber au sol. C’est un tableau que l’on a plutôt l’habitude de voir à l’automne. Cette année, la chute des feuilles est particulièrement précoce: en certains endroits, elle a même commencé dès le mois de juillet! Faut-il comprendre que l’automne est en avance? Pas vraiment.
D’ordinaire, les feuilles changent de couleur à l’arrivée de l’automne, en réponse aux chutes de températures et de luminosité. Avant cela, elles tiennent leur jolie couleur verte de la chlorophylle, un pigment dont l’activité est boostée par la lumière mais qui se dégrade à l’automne.
Mais alors, pourquoi changent-elles de couleur aujourd’hui alors que le soleil nous inonde encore de ses rayons?
Mode survie: on
«La précocité de l’événement dans certaines régions est liée à la sécheresse qui a provoqué un stress hydrique chez les plantes. Le manque d’eau peut provoquer une surmortalité d’arbres, comme on l’a déjà observé en 2003», explique Jérôme Chave, chercheur CNRS, dans les colonnes du Huffington Post.
Autrement dit, les arbres, complètement déshydratés, passent en mode survie pour économiser leurs réserves d’eau: «leur première stratégie est de faire tomber leurs feuilles ou d’arrêter de les irriguer, d’où leur jaunissement», ajoute le spécialiste en écologie tropicale. Pour ne pas mourir, ils arrêtent donc de nourrir leurs feuilles, celles-ci finissant par sécher et tomber.
Au manque d’eau il faut également ajouter la chaleur: elle brûle les feuilles qui ne sont pas conçues pour résister à de telles températures, les rendant plus fragiles, et donc plus susceptibles de tomber.
Arbres en détresse?
Chaleur et sécheresse combinées accélèrent donc drastiquement la chute des feuilles. Et c’est à ce phénomène, et non à une chute automnale traditionnelle, que l’on assiste actuellement.
Avec l’accélération du changement climatique, ces phénomènes sont d’ailleurs de plus en plus fréquents. Et cela inquiète les spécialistes.
«Du fait de la perte de feuilles, l’arbre est plus sensible aux agressions extérieures [notamment les attaques d’insectes et parasites]. Il n’a pas suffisamment de résistance pour se défendre naturellement», souligne Jean-Pierre Grandet, technicien forestier à l’Office national des forêts (ONF) en France.
Fragilisés, les arbres auront également des difficultés à faire, durant l’été, leurs réserves pour l’hiver suivant. Et avec les étés caniculaires qui se succèdent, ils n’ont tout simplement plus le temps de récupérer.